New York : la ville emblématique dans le pays de toutes les opportunités. Mais, comme de nombreuses métropoles, elle connaît sa part de crises du logement. Le sans-abrisme de rue est toujours visible à de nombreux coins de rue, mais il existe des politiques qui permettent de réduire ce problème. New York est unique aux États-Unis grâce à un Droit à l’hébergement qui vise à sortir de la rue toutes les personnes qui remplissent les critères pour avoir droit à un hébergement. Toutefois, ce programme est coûteux, et les loyers et les prix des maisons à New York, comme à Londres, impliquent que les bénéficiaires d’une telle politique sont les propriétaires privés qui louent leurs biens pour des hébergements d’urgence à des prix exorbitants. Cet argent devrait plutôt servir à investir à plus long terme dans des logements abordables pour loger les familles de façon pérenne.
Le Maire Bill de Blasio a inscrit parmi ses priorités la fourniture de logements abordables. Selon l’étude sur la politique de logements inclusifs obligatoires à New York (2015 : 8), « le nombre de ménages rencontrant des problèmes pour payer leurs loyers a augmenté de 11 pour cent depuis 2000, pour atteindre près de 55 pour cent de tous les ménages locataires. »[1] La politique de logements inclusifs obligatoires a été adoptée fin mars 2016 et inclut des actions audacieuses impliquant l’inclusion de nombreux logements abordables dans les nouveaux développements. Toutefois, la mise en œuvre de la politique est déjà menacée, le Maire de Blasio ayant rallié des promoteurs à Times Square pour l’aider à faire du lobbying auprès des législateurs fédéraux afin de maintenir l’abattement fiscal 412a qui garantit un profit aux promoteurs de biens non luxueux, et qui est essentiel aux projets visant la fourniture de davantage de logements.
Il existe de nombreuses histoires de New-Yorkais incapables d’accéder au marché locatif de la ville parce qu’ils ne peuvent pas se permettre les loyers pratiqués. Voici juste une histoire récente, comme racontée dans The Guardian. Il en existe de nombreuses autres.
Lors de mon récent voyage aux États-Unis, j’ai passé deux jours à New York et cela m’a permis de me réunir avec les membres d’un projet auquel j’ai participé en tant que bénévole dans le cadre de ma dernière année de l’école secondaire. Le projet New York City Relief propose un accompagnement individuel dans les rues de différents coins de la ville : des bénévoles prennent un bus en emportant avec eux de la soupe chaude et du pain, de l’eau, des vêtements et du matériel de premier secours. Ces personnes prodiguent des conseils en matière de logement et d’emploi, ainsi que des conseils spirituels si nécessaire, afin de pouvoir réduire le sentiment de « désespoir ». Ce service a un petit peu changé depuis celui auquel j’ai participé en tant que bénévole il y a 25 ans. Ce service peut apporter une aide temporaire ainsi qu’un peu d’espoir aux personnes concernées, mais pour un problème complexe tel que le sans-abrisme, une intervention flexible au niveau des systèmes est nécessaire.
La fourniture de logements abordables doit être renforcée pour répondre aux besoins. Common Ground (l’organisation qui a précédé Community Solutions) a fourni 652 logements accompagnés permanents à New York en 1991, dont 50% pour des locations abordables générales et 50% pour les personnes présentant des besoins spécifiques d’accompagnement. Toutefois, davantage de logements sont nécessaires pour que l’offre réponde à la demande.
La politique du Maire est un bon départ mais elle nécessite un soutien et une coalition afin d’être mise en œuvre de façon efficace. Des organisations non gouvernementales innovantes doivent aussi proposer des approches novatrices et des solutions nouvelles. Sur conseil de David Ireland de la World Habitat, j’ai rencontré Paul Howard de Community Solutions. Le travail de cette organisation est vraiment inspirant et se propage aux quatre coins du globe. Leur campagne 100 000 logements a reçu le Prix mondial de l’Habitat de la Building and Social Housing Foundation (World Habitat) en 2014 et a gagné le soutien de la World Habitat et d’autres organisations afin de pouvoir s’étendre à travers les États-Unis et dans le monde entier. Le projet original a été lancé à New York en 2010 sous l’initiative Street to Home, basée sur les principes du Logement d’abord. Depuis lors, même si la ville de New York n’a pas encore pris les mesures nécessaires pour faire avancer l’approche car elle est considérée comme « risquée », l’approche a rencontré beaucoup de succès à Los Angeles, et a été récemment introduite à Valence en Espagne. Des projets sont développés au Canada, aux États-Unis et en Europe.
Lors de mon entretien avec Paul aux bureaux de Community Solutions à New York, il m’a montré une présentation incluant des photos prises par l’équipe qui a réalisé l’enquête initiale sur le sans-abrisme de rue à Los Angeles. Ils ont remarqué que le fait de prendre des photos « avant et après » était un outil utile pour démontrer la différence que fait leur approche pour les personnes concernées. Les deux photos sur la gauche sont du même homme : sur la première image on remarque les 30 années de sans-abrisme et d’alcoolisme, alors que sur la deuxième on voit plutôt un sentiment de bien-être et d’espoir.
Ce qui m’a vraiment frappé lors de ma discussion avec Paul était l’enthousiasme de travailler au niveau des systèmes parce que Community Solutions a constaté que cela pouvait permettre d’atteindre leur objectif de réduire considérablement le sans-abrisme. Travailler au niveau des systèmes implique une excellente connaissance des données. À Valence, lorsque le Maire a été approché pour la première fois, il a suggéré que la ville comptait environ 70 sans-abri. Après la collecte de données réalisée par Community Solutions et des partenaires locaux qui s’est étalée sur trois jours, le chiffre réel était de 404 sans-abri. Si l’on veut convaincre les autorités locales et les politiciens d’agir et d’améliorer leurs systèmes et politiques, il importe de disposer de données exactes.
Un autre exemple : Paul a parlé aux autorités locales et à d’autres organismes à Los Angeles sur l’élaboration d’un formulaire commun de demande de logement. On lui a informé que cela n’était pas possible car les systèmes étaient trop différents. Après avoir analysé les 44 formulaires différents, Community Solutions a réussi à développer un formulaire unique, démontrant que c’était bel et bien possible. Cela a eu un impact important sur les personnes qui essayaient d’accéder au système.
Il ne s’agissait pas de démontrer uniquement leur détermination mais également leur connaissance d’outils permettant de résoudre des problèmes clés. Certains problèmes ressemblent à de la pâtisserie, étant techniques et nécessitant des solutions techniques comme le suivi d’une recette et l’utilisation des bons ingrédients. D’autres problèmes sont complexes et une approche technique pour les résoudre n’engendrera pas de résultats. Une approche flexible est nécessaire. À Community Solutions, ils utilisent une « résolution flexible des problèmes » et comptent développer cette approche au Royaume-Uni.
Une approche de Logement d’abord n’est pas vraiment nouvelle. Ce type d’approche a déjà été testée dans différentes villes, notamment au Royaume-Uni, et un rapport en 2015 a évalué les données disponibles à ce jour. Toutefois une nouvelle approche, utilisant le logement d’abord en combinaison avec l’expertise du travail de Community Solutions dans de nombreux projets jusqu’à présent, est prometteuse pour des régions comme Valence où le projet a démarré récemment ou pour Westminster où des équipes collecteront des données sur le sans-abrisme en été 2016 dans le cadre d’un nouveau projet en Angleterre.
Il ne s’agissait pas de démontrer uniquement leur détermination mais également leur connaissance d’outils permettant de résoudre des problèmes clés. Certains problèmes ressemblent à de la pâtisserie, étant techniques et nécessitant des solutions techniques comme le suivi d’une recette et l’utilisation des bons ingrédients. D’autres problèmes sont complexes et une approche technique pour les résoudre n’engendrera pas de résultats. Une approche flexible est nécessaire. À Community Solutions, ils utilisent une « résolution flexible des problèmes » et comptent développer cette approche au Royaume-Uni.
Une approche de Logement d’abord n’est pas vraiment nouvelle. Ce type d’approche a déjà été testée dans différentes villes, notamment au Royaume-Uni, et un rapport en 2015 a évalué les données disponibles à ce jour. Toutefois une nouvelle approche, utilisant le logement d’abord en combinaison avec l’expertise du travail de Community Solutions dans de nombreux projets jusqu’à présent, est prometteuse pour des régions comme Valence où le projet a démarré récemment ou pour Westminster où des équipes collecteront des données sur le sans-abrisme en été 2016 dans le cadre d’un nouveau projet en Angleterre.
Jo Richardson est Professeur de recherche sur le logement et les affaires sociales et est Directeur du Centre d’études comparatives sur le logement à l’Université De Montfort à Leicester.
E-mail : jrichardson[at]dmu.ac.uk
Twitter : @socialhousing
Site web : www.dmu.ac.uk/cchr
Note de bas de page
[1] Selon cette politique, il s’agit de familles consacrant plus de 30% de leurs revenus au paiement de leur loyer.
Photos
- NYC Relief Bus, 1991 © Jo Richardson
- NYC Relief shuttle bus, Parc de Chelsea, Mai 2016 © Jo Richardson
- Image avant et après © Community Solutions
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