Description du projet
Objectifs
Ce programme démontre la façon dont il est possible d’impliquer les communautés rurales dans le développement durable et abordable de leurs propres infrastructures et logements. Il veut permettre aux personnes défavorisées et marginalisées des régions rurales de l’État d’Orissa de renforcer leurs capacités en vue de bénéficier d’une meilleure qualité de vie caractérisée par :
- une sécurité alimentaire et un accès à des moyens sûrs de subsistance ;
- un accès garanti à une éducation basique et à des services adéquats de santé ;
- une utilisation et une gestion durables des ressources naturelles ;
- des options pour des infrastructures familiales et communautaires et pour des sources d’énergie ;
- des institutions populaires autonomes avec une participation égale d’hommes et de femmes ;
- une meilleure estime de soi et conscience politique.
Situé sur la côte est de l’Inde, Orissa est un des états les plus pauvres du pays. Le revenu moyen par habitant équivaut à 73 pour cent de la moyenne nationale, et 40 pour cent de sa population (environ 17,5 millions de personnes) vit en-dessous du seuil national de pauvreté. Près de 90% de la population d’Orissa vit dans des régions rurales, dont moins de 20 pour cent a accès à des zones d’eau protégées et moins d’un pour cent a accès à un système d’approvisionnement en eau. Moins de cinq pour cent de la population a accès à l’assainissement.
Ce programme environnemental et sanitaire rural (RHEP) est mis en œuvre par Gram Vikas (GV), une ONG créée en 1979 pour fournir des opportunités de développement aux groupes pauvres et marginalisés de la population rurale d’Orissa. Gram Vikas a créé le programme RHEP en 1991 pour lutter contre les nombreuses maladies et les nombreux décès causés par des maladies hydriques. À travers ce programme, Gram Vikas collabore avec l’ensemble de la communauté pour fournir de l’eau potable et des infrastructures sanitaires au village, et promouvoir la génération de revenus et d’autres projets de développement communautaire. La caractéristique distinctive du programme est l’implication de chaque famille du village sans exception et le fait que le programme dépend de la génération d’un fonds de dotation auquel contribue chaque ménage. La viabilité institutionnelle et financière sont les pierres angulaires du programme qui cherche à renforcer les capacités des communautés de la région en vue de diriger les processus de développement et permettre à Gram Vikas de se retirer après une période définie de temps.
Quelques 105 villages et plus de 8.000 ménages ont maintenant été couverts par le programme qui a débuté en 1992, avec cinq villages et 337 ménages. Il continue de s’étendre et de plus en plus de villages réalisent un travail similaire.
La construction de logements résistants aux catastrophes a débuté au milieu des années 80, après le passage d’un cyclone qui a détruit les quartiers les plus pauvres d’Orissa. Depuis 1992, la construction de maisons n’est effectuée que dans les villages qui démontrent leur capacité à collaborer dans des projets relatifs à l’eau et à l’assainissement. L’objectif de Gram Vikas est de définir les familles les plus vulnérables dans tous les villages qui ont mis en œuvre des projets d’eau et d’assainissement et de les aider à construire des logements résistants aux catastrophes via une aide financière et technique.
À ce jour, Gram Vikas a soutenu la construction de 3.625 maisons dans 170 villages et 767 autres maisons sont en cours de construction. Des prêts de plus de 70 millions de roupies (1,6 million de dollars) ont été fournis. Pour les villageois, le fait de pouvoir vivre dans des maisons résistantes aux catastrophes, spacieuses et confortables est une question de fierté et de dignité.
Avec une superficie de 41 m², les maisons sont beaucoup plus grandes que les logements ruraux typiques de 10 m². Elles incluent deux pièces à usage multiple, une cuisine et une véranda. Le coût de ce logement est de 45.000 roupies (1.034 dollars), et le ménage contribue à hauteur de 30 pour cent des coûts grâce à sa main-d’œuvre et à la fourniture de matériaux locaux, et fournit une caution initiale de 3.000 à 5.000 roupies (69 à 115 dollars). Les 70 pour cent restants sont fournis par Gram Vikas sous la forme d’un prêt bonifié de la société de développement et de financement du logement (Housing Development and Finance Corporation), sur base d’une ligne de crédit de la KfW en Allemagne. Le prêt est remboursable par le ménage sur une durée de 15 ans à un taux d’intérêt de neuf pour cent. Les remboursements vont dans un fonds renouvelable en vue de financer le travail dans d’autres villages. Le programme de logement s’ajoute à des activités de promotion des moyens de subsistance en vue d’améliorer les revenus et la sécurité alimentaire des familles. Le financement de ce programme de logement a changé depuis son introduction en 1991, passant d’une subvention totale à un prêt total, l’ensemble des coûts étant pris en charge par le ménage.
Différents matériaux de construction sont utilisés pour les logements, mais il s’agit principalement de pierre et de briques locales. Les maçons locaux ont été formés pour utiliser des systèmes de maçonnerie qui sont 30 pour cent moins énergivores que la maçonnerie traditionnelle en briques. Les toitures en dalles pleines permettent d’économiser du béton en le remplaçant par des matériaux locaux bon marché. Des fours verticaux à briques ont été développés localement et sont 30 pour cent plus efficaces que les fours traditionnels.
Ce sont les femmes de la communauté qui bénéficient le plus de l’approvisionnement en eau dans la mesure où elles ne doivent plus passer plusieurs heures par jour à aller chercher de l’eau et elles peuvent se laver avec de l’eau propre en profitant de l’intimité de leur maison, au lieu de devoir se laver dans l’étang pollué du village. Elles bénéficient également de leur implication dans les processus décisionnels, ce qui leur permet d’avoir davantage confiance en elles et de bénéficier d’un meilleur statut dans leur village.
Le programme a permis aux villageois d’avoir de plus grandes attentes pour leur futur et d’acquérir de la confiance pour sortir du cycle de pauvreté. Cela se reflète notamment dans la présence scolaire accrue dans les villages concernés et dans la création de comités sanitaires en vue de suivre régulièrement la santé des enfants.
Le total dépensé par ce programme environnemental et sanitaire rural de 1992 à 2001 pour la fourniture de toilettes, de salles de bain, de réservoirs d’eau, de systèmes d’approvisionnement en eau, de réservoirs de compost, de salles communautaires et de systèmes de drainage est d’un million de dollars. Soixante-six pour cent de ces coûts ont été pris en charge par Gram Vikas via des fonds de donateurs, 32 pour cent ont été pris en charge par les ménages et deux pour cent ont été fournis par le gouvernement. Les coûts d’entretien et de fonctionnement sont pris en charge par les villagesois et ces coûts reviennent à eviron 12,5 dollars par ménage par an, ce qui couvre les factures d’électricité, les réparations et l’entretien des pompes, ainsi que le salaire de l’opérateur de la pompe.
Aspects innovants
- La capacité à motiver la communauté à créer des actifs localement sous la forme de capital physique, financier, social et communautaire.
- L’implication de tous les villageois avant la mise en œuvre du programme.
- Le rôle important joué par les femmes dans le programme
- Le partenariat entre Gram Vikas et les villageois pour mettre en œuvre le programme.
- Les mécanismes autonomes de financement
- La promotion du transfert du programme
- Le suivi régulier interne et externe réalisé pour fournir un feedback sur les approches et stratégies utilises.
Quel est son impact sur l’environnement ?
Les améliorations apportées aux infrastructures, notamment aux systèmes sanitaires et d’approvisionnement en eau, ont permis d’améliorer l’environnement physique. Les matériaux utilisés pour construire les maisons sont produits localement et peu énergivores. Les programmes de foresterie sociale ont également permis de régénérer des terres en très mauvais état.
Viabilité financière
Le capital d’amorçage provient d’agences de développement externes et si celui-ci devait s’arrêter, Gram Vikas garde une réserve qui vient du programme de biogaz (mis en œuvre de 1983 à 1993) et de formations fournies à différentes ONG et à des représentants gouvernementaux. Des fonds publics sont de plus en plus utilisés pour développer des projets d’eau et d’assainissement. Une condition du programme est que chaque famille contribue en moyenne à hauteur de 25 dollars (1.000 roupies) à un fonds commun que l’on appelle fonds de dotation. Cela offre au village un sentiment d’unité dans la mesure où les familles sont actionnaires de ce fonds, et fournit une sécurité financière. Ce fonds peut être utilisé pour obtenir des prêts auprès de banques locales.
Les villageois sont encouragés à développer des terres communes et à réaliser des activités communautaires de génération de revenus comme la pisciculture et la foresterie sociale. Les coûts sont clairement définis et partagés entre Gram Vikas et les villageois.
Quel est son impact social ?
L’implication des villageois dans chaque étape de la mise en œuvre du projet a amélioré la cohésion de la communauté, et les villageois ont acquis davantage de confiance pour participer aux processus décisionnels. Les villageois se réunissent non seulement pour lever les fonds nécessaires pour le projet mais également pour prendre des décisions ensemble, non seulement pour les installations de distribution d’eau mais également pour toutes les autres décisions au sein de la communauté. Les femmes s’assurent que le programme est mis en œuvre dans les délais impartis et que le projet se poursuit après le retrait de Gram Vikas. Un comité de direction du village a été créé pour permettre au village d’accéder à des fonds publics pour les régions rurales.
Évaluation
Une enquête préliminaire a démontré que le programme RHEP se développe de plus en plus grâce à plusieurs facteurs. Un de ceux-ci est « l’effet de démonstration ». Les villages adjacents aux villages du programme RHEP ont exprimé leur volonté de mettre en œuvre le programme dans leurs propres villages. Un deuxième facteur était les mariages inter-villageois, avec de plus en plus de familles souhaitant marier leurs filles dans des villages avec de l’eau potable et des toilettes. Il était toutefois difficile d’encourager les filles à se marier dans une famille qui ne disposait pas de ces infrastructures. La demande de panchayats (conseils élus) et de politiciens était un autre facteur pour encourager le transfert du programme dans la région.
Via ce programme, il y a également eu un impact positif sur la santé grâce à l’éradication de maladies hydriques et une amélioration globale des niveaux de nutrition, dans la mesure où la facilitation de l’accès à l’eau permet la culture de légumes dans de petits potagers. La réduction des problèmes gynécologiques et reproductifs s’explique par le fait que les femmes disposent d’un espace privé pour se laver et par l’accès à de l’eau propre. On a également constaté une réduction considérable des maladies de la peau, grâce également à l’accès à l’eau propre.
La présence scolaire a également été accrue dans les villages mettant en œuvre ce programme. Dans certains cas, les villageois ont également commencé à encourager les professionnels de la santé et les enseignants à fournir de meilleurs services, et des centres de santé ont été mis en place pour suivre régulièrement la santé des enfants. Les villageois ont également commencé à réparer et à rénover des écoles et à fournir des matériaux.
Le 22 mars 2006, Gram Vikas a reçu le Grand prix mondial de l’eau de Kyoto lors du 4e Forum mondial de l’eau qui s’est tenu au Mexique. Le prix récompense des personnes ou organisations dont les activités de terrain permettent de répondre aux besoins d’eau de communautés et régions.
Partenariat
ONG, communauté locale, gouvernement régional