En Autriche, comme dans de nombreuses autres régions du monde, les organismes publics et les entreprises privées se chargent traditionnellement de la création de logements abordables. Aujourd’hui, l’approche d’einszueins architektur offre une alternative au développement traditionnel de logements abordables.  

Le cohabitat représente une forme de développement communautaire où les résidents partagent des installations et vivent ensemble selon une vision et des valeurs communes. einszueins architektur est un cabinet d’architectes autrichien spécialisé dans la création de projets uniques de cohabitat. 

Les projets de cohabitat d’einszueins se distinguent par leur conception collaborative avec les futurs résidents et, à Vienne, avec des promoteurs à but lucratif limité. Cette approche permet de créer des projets à la fois abordables et respectueux de l’environnement, répondant précisément aux besoins et aux aspirations des résidents. 

La participation des futurs résidents dès le début du projet favorise un sentiment d’appartenance, renforce les liens sociaux et stimule l’engagement envers des objectifs communs, consolidant ainsi la nouvelle communauté. Contrairement aux développements spéculatifs axés sur le profit, ces projets offrent une accessibilité à long terme, des avantages sociaux et des espaces à usage mixte. 

Impact social 

einszueins architektur vise à créer des communautés résilientes et autoorganisées tant en milieu urbain que rural. Les membres de chaque coopérative ou association sont généralement bien éduqués et présentent une grande diversité en termes d’âge, de revenus et d’origines culturelles. 

Les espaces partagés tels que les jardins, les parcelles de culture, les ateliers, les cuisines et les salles de jeux favorisent l’interaction, le sentiment de communauté et l’autosuffisance. Parmi les projets d’einszueins, l’un gère une coopérative alimentaire et un espace de co-working, tandis qu’un autre propose des bureaux pour les entrepreneurs, des espaces de travail partagés, une salle d’événements et un hôtel. Les projets urbains incluent également des centres culturels et artistiques : l’un d’eux abrite un café avec un programme d’enrichissement et une école de musique. La plupart des projets intègrent des espaces commerciaux au rez-de-chaussée, apportant des opportunités d’emploi et de développement économique à l’ensemble du quartier. 

Dans quatre des dix projets de cohabitat, les groupes fondateurs ont choisi de financer collectivement des logements pour les personnes vulnérables à faibles revenus et les réfugiés. Par exemple, la communauté de Gleis 21 a mis en place un « fonds de solidarité » pour soutenir les membres en difficulté financière et financer quatre appartements où les réfugiés peuvent vivre gratuitement, tout en bénéficiant de l’aide d’une organisation à but non lucratif, Diakonie. Les résidents de ces appartements sont désormais intégrés à la communauté, et deux d’entre eux travaillent actuellement pour Gleis 21. De plus, le collectif d’artistes du même lotissement organise régulièrement des cours de langue et des événements pour les réfugiés. 

Impact environnemental 

Dès le départ, les projets sont conçus pour minimiser les émissions de carbone et la pollution. La préfabrication est utilisée autant que possible pour réduire les besoins en transport des matériaux de construction, ce qui contribue à un site de construction plus propre. L’architecture est également pensée pour optimiser l’utilisation de l’espace, protéger la biodiversité et favoriser l’infiltration des eaux de pluie. 

Les projets privilégient l’utilisation de matériaux naturels, locaux et biodégradables. Par exemple, le projet Auenweide, situé dans la campagne autrichienne, utilise une isolation en paille provenant de seulement 50 km du site. Tous les bâtiments de ce projet respectent des normes quasi passives, ce qui constitue une première dans la région. Des éléments supplémentaires, tels que des matériaux compostables, des jardins sur les toits, l’utilisation de la lumière et de la ventilation naturelles, des pompes à eau souterraines et des systèmes d’énergie solaire, contribuent également à réduire l’impact environnemental et à créer des habitations plus saines. 

Financement 

Les projets sont financés par une combinaison de fonds propres, de prêts bancaires et de subventions publiques. À Vienne, des promoteurs à but lucratif limité construisent les projets, puis vendent ou louent les bâtiments à l’association ou à la coopérative des résidents. Tous les ménages doivent se situer en dessous du plafond de revenu des logements sociaux, ce qui inclut les personnes à revenus faibles ou moyens. En conséquence, les résidents paient des loyers inférieurs aux prix du marché tout en bénéficiant d’un logement de grande qualité. 

Les projets en milieu rural rencontrent souvent des difficultés de financement plus importantes en raison du manque de programmes d’aide publique adaptés au niveau local et régional. Pour surmonter ces obstacles, ils peuvent recourir à une « réserve de richesse » ou au financement participatif (crowdfunding) pour obtenir des capitaux supplémentaires. De plus, les projets présentant une haute valeur environnementale peuvent souvent bénéficier de subventions supplémentaires qui contribuent à réduire les coûts. 

Transfert et plans futurs 

Les fondateurs d’einszueins, les architectes Katharina Bayer, Markus Zilker et Markus Pendlmayr, ont contribué à la création d’associations professionnelles telles que IG Architektur et l’organisation faîtière des projets de cohabitat « Initiative for Collective Building and Living ». Le cabinet a ainsi joué un rôle clé dans la valorisation et la promotion de la viabilité et de la créativité des modèles de cohabitat, en les diffusant à travers toute l’Autriche. 

Les résidents des cohabitats et le personnel d’einszueins ont également encouragé l’adoption de cohabitats durables et inclusifs en publiant des livres, en organisant des visites publiques et en animant des ateliers. Leur travail a eu un impact notable sur les politiques gouvernementales, entraînant une multiplication des projets de cohabitat et la mise en place de réglementations et de programmes de financement favorables dans d’autres régions d’Autriche. 

Ils ont formé des architectes et partagé leur expertise à l’international par le biais de conférences et de visites d’étude, contribuant ainsi à un mouvement mondial en faveur de communautés résilientes et autoorganisées. 

einszueins a également commencé à exporter son savoir-faire en Allemagne, en s’appuyant sur la technologie développée pour la construction en bois des projets Gleis 21 et Vis-à-Wien à Vienne. L’entreprise s’engage également dans l’expansion de l’utilisation de l’isolation à base de paille, un matériau à la fois efficace, naturel et biodégradable. 

Les enseignements tirés de chaque projet de cohabitat enrichissent également les projets de logement conventionnels. Par exemple, en collaboration avec trois promoteurs à but non lucratif, einszueins a lancé un projet de recherche portant sur trois bâtiments neutres en carbone. Ce projet vise à étoffer la base de données pour une construction plus respectueuse de l’environnement. 

Outre les nouveaux développements, einszueins s’attaque également à la conversion d’une cité ouvrière centenaire, Transform Ternitz, en un projet de cohabitat décarboné. 

Pourquoi ce projet a-t-il remporté un Prix Mondial de l’Habitat ? 

L’approche d’einszueins architektur constitue une alternative rafraîchissante au développement traditionnel des logements abordables. En impliquant les habitants dans le processus, en mettant l’accent sur les technologies durables et en fournissant les outils nécessaires pour créer des liens sociaux, ils favorisent la revitalisation des quartiers, établissent les bases de communautés cohésives et montrent au monde entier comment décarboniser le secteur du logement. 

Téléchargez le résumé complet du projet