Description du projet

En 1998, un groupe de 110 femmes a créé l’ACAMS (Asociación Cooperativa de Ahorro y Crédito Mujeres Solidarias, la coopérative d’épargne et de crédit par et pour les femmes). Dirigée par des femmes et pour les femmes, cette coopérative a débuté à Tejutepeque, un petit village reculé de la région centrale du Salvador. Créée pour répondre à une succession de problèmes affectant la communauté, comme la pauvreté, les conflits armés et les séismes, elle compte à présent 711 membres dans trois municipalités. Deux séismes ont sévèrement touché la région en 2001 et l’absence d’intervention du gouvernement a poussé l’ACAMS à concentrer ses activités sur la reconstruction de maisons et le renforcement des communautés.

ACAMS a depuis lors étendu son travail au-delà de Tejutepeque, dans les villes voisines de Cinquera et Jutiapa. Les membres de l’ACAMS se composent d’environ 10 pour cent de la population féminine de ces trois villes, qui comptent ensemble une population totale de 13.000 habitants. La plupart des femmes qui sont membres sont activement impliquées dans les discussions et dans les décisions importantes pour le fonctionnement de la coopérative.

En vue de renforcer la communauté, cette coopérative d’épargne et de crédit :

  • Fournit des crédits et lève des fonds via des subventions pour la construction et la rénovation de logements.
  • Fournit des formations aux locaux, incluant des résidents et des professionnels du bâtiment, sur des techniques de construction sûres et durables.
  • Produit des matériaux locaux et durables sur le plan écologique.
  • Fournit des formations aux femmes sur les finances des ménages, les épargnes et la gestion de petites entreprises.
  • Construit des installations communautaires comme des centres de formation et des maisons de repos pour les personnes plus âgées.

Depuis 2011, l’ACAMS a octroyé 2.406 prêts à des résidents locaux. Ces prêts permettent aux familles à bas revenus de construire ou de rénover leurs logements ou de lancer des activités rémunératrices, dans l’agriculture ou dans des petites entreprises.

Le travail de la coopérative bénéficie du soutien d’organisations communautaires et d’EcoSur (un réseau d’organisations partageant des bonnes pratiques sur le logement et l’habitat dans l’hémisphère sud). Une aide financière est fournie par Solidar Suiza, une organisation non-gouvernementale suisse, et par DESWOS, une organisation allemande à but non lucratif. Bien que certains projets dépendent de fonds externes, l’organisation peut, grâce à l’utilisation de prêts renouvelables, prendre en charge la majorité de ses coûts de fonctionnement. De nombreuses familles possèdent déjà un terrain sur lequel elles peuvent construire. Mais lorsque ce n’est pas le cas, le gouvernement local de Tejutepeque garantit un accès à des terrains en transférant des terrains publics à des ménages à bas revenus. Ce transfert se fait de façon progressive, les familles devenant complètement propriétaires uniquement lorsqu’elles ont remboursé la totalité de leur emprunt à la coopérative. L’autorité locale fournit en outre une aide financière pour des projets communautaires réalisés par la coopérative, via des subventions, notamment pour des installations telles qu’une maison de repos pour les personnes âgées.

Objectifs

Les principaux objectifs de la coopérative d’épargne et de crédit sont de :

  • Améliorer la qualité de vie de ses membres et de l’ensemble de la communauté, surtout des personnes en situation de pauvreté.
  • Aider les familles à bas revenus à accéder à des logements décents via l’éducation et l’accès à des crédits.
  • Augmenter le nombre de logements en construisant et en rénovant des logements en utilisant des matériaux abordables et écologiques.
  • Transformer une région qui a souffert de catastrophes naturelles et de la guerre civile.

Les objectifs spécifiques sont de :

  • Impliquer les familles dans l’amélioration de leurs logements et des communautés.
  • Former des professionnels du bâtiment dans la construction de logements sûrs et durables.
  • Proposer des prêts à des taux d’intérêt plus bas que les taux du marché en vue de créer un système hypothécaire durable.
  • Fournir une éducation financière en tant que condition pour obtenir un crédit.
  • Produit des matériaux de construction durables, abordables et pratiques.
  • Encourager l’égalité hommes-femmes via le renforcement des capacités des femmes dans une région reculée avec peu d’autres opportunités.

Les objectifs à long terme sont de :

  • Augmenter le nombre de membres de la coopérative ainsi que le nombre de services au Salvador. Privilégier les activités dirigées par des femmes, se concentrer sur la transparence et la démocratie et garder les bureaux à Tejutepeque.
  • Devenir une organisation majeure dans la construction et la finance au Salvador.

Contexte

En 1998, après les accords de paix qui ont mis fin à 12 années de guerre civile au Salvador, 110 femmes du village rural de Tejutepeque ont décidé de lancer une coopérative d’épargne et de crédit. L’ACAMS (la coopérative d’épargne et de crédit par et pour les femmes) a été créée, avec peu d’aide externe, en vue de répondre aux besoins des femmes locales. Les coopératives dirigées par des femmes sont rares en Amérique latine, où même si les coopératives placent l’accent sur l’égalité hommes-femmes, elles tendent à être dominées par des hommes dans la pratique.

En 2001, alors qu’elle était en voie de devenir officiellement une coopérative, le Salvador a été frappé par deux séismes importants. La majorité des quelques 1.700 logements de Tejutepeque ont été détruits ou endommagés. Étant donné l’absence de politique de logement cohérente du gouvernement national, de nombreuses familles ont été obligées d’adopter des mesures à court terme pour s’héberger. Il s’agissait alors de structures temporaires utilisant des matériaux inadéquats, souvent construites par des personnes qui n’avaient pas été formées. La plupart de la population vit toujours dans des logements qui ne sont pas adaptés à ses besoins. Plus de la moitié de ces logements se trouvent dans des conditions précaires ou sont trop petits par rapport à la taille des familles qui y habitent.

La coopérative d’épargne et de crédit a dirigé les opérations de secours qui ont suivi les séismes et a constaté la nécessité de prendre des mesures pour améliorer la condition des logements dans la région.

En vue d’améliorer la situation de sa communauté, l’ACAMS soutient la construction et la rénovation de logements plus sûrs et implique les résidents dans la construction de leurs propres logements. Certains ménages sont exempts de construire leurs logements s’ils ne sont pas en mesure de le faire, notamment dans le cas des personnes âgées qui n’ont pas de famille, ou des veuves avec des jeunes enfants. Dans ce cas, soit le projet soit la municipalité couvre les besoins en main-d’œuvre. Elle a construit une usine locale pour produire des matériaux de construction avec l’aide de Solidar Suiza (une organisation non-gouvernementale suisse) et du réseau EcoSur. Son travail s’est développé plus largement pour soutenir la reconstruction des communautés voisines.

Principales caractéristiques

L’ACAMS a grandi de façon impressionnante. Créée par un groupe de 110 femmes, elle compte à présent 711 membres, soit 10% de la population féminine de Tejutepeque et des villes voisines de Jutiapa et Cinquera.

La coopérative se concentre sur les épargnes, la formation des familles dans les finances personnelles, les prêts hypothécaires pour les logements, et les crédits utilisés pour les affaires, le bétail, l’agriculture et l’agroforesterie. L’ACAMS est dirigée par des femmes, qui sont souvent exclues des postes à responsabilités au Salvador. Le conseil d’administration, entièrement composé de femmes, planifie et gère les projets avec l’aide d’EcoSur sur des problématiques spécifiques de la construction. Le conseil d’administration discute et définit les activités qui bénéficieront à leurs communautés, et prend en compte les avis tant des femmes que des hommes. Ce processus a débouché sur de nouveaux projets comme la construction et la gestion d’une maison de repos, d’un centre communautaire et d’un centre de formation.

Les logements sont construits par des jeunes qui participent à un programme de formation. Ce programme inclut des informations pratiques, dure 18 mois et se termine par un examen et un diplôme. Les jeunes bénéficient de formations par groupes de dix (jusqu’à présent, seuls des hommes ont participé). La plupart de ces jeunes viennent de familles qui bénéficient du programme de logement.

Ces jeunes apprentis sont chargés de réaliser les tâches spécialisées de la construction, sous la supervision d’un instructeur. Les membres de la coopérative qui bénéficient du programme de logement rejoignent ensuite le processus de construction via une contribution en nature. Un membre de leur famille ou un travailleur rémunéré les aide dans cette démarche.

EcoSur fournit des conseils et une aide via des échanges de connaissances avec son partenaire Sofonias Nicaragua. Le réseau contribue au suivi des projets de construction et offre une aide technique d’architectes ou d’ingénieurs.

Quel est son impact ?

La coopérative ACAMS a contribué à inspirer des femmes de la région pour leur permettre de prendre des décisions, d’aider leurs familles et d’avoir un véritable impact dans leurs communautés.

Depuis 2006, les membres de l’ACAMS ont construit 214 logements et ont permis à plus de 630 familles d’accéder à des crédits pour réaliser des travaux. Quelques 60 autres logements sont en cours de construction, et des nouveaux fonds devraient être trouvés en 2019. De nouvelles familles ont commencé à venir à l’ACAMS avec leurs propres finances, en vue d’obtenir une aide pour la conception et la construction de leurs logements.

L’ACAMS joue un rôle important pour le développement des communautés et l’amélioration des logements. Il existe plusieurs groupes actifs qui soutiennent la communauté dans des domaines comme l’égalité hommes-femmes, les finances des ménages et la santé. La communauté de Tejutepeque a reconnu la nécessité de mieux accompagner les personnes âgées, et a ainsi demandé pendant plusieurs années la construction d’une maison de repos pour ces personnes. Celle-ci a finalement été construite avec l’aide du gouvernement local. La participation des femmes a permis de définir et de combattre des problèmes qui affectent particulièrement les femmes, comme l’intimité dans les salles-de-bains.

En fournissant des crédits et en encourageant les épargnes, la coopérative aide les familles les plus pauvres en utilisant des subventions étrangères. Un accompagnement individuel est fourni aux familles pour les aider à éviter de de devoir emprunter de l’argent auprès d’autres organismes de crédit. On les aide également à comprendre les risques des emprunts et à établir des budgets sur base de leurs revenus et de leurs dépenses, en adoptant une approche proactive et préventive pour éviter tout endettement.

Comment est-il financé ?

La coopérative d’épargne et de crédit ACAMS offre des services d’épargne et de crédit et ses activités sont supervisées par l’État. Le fonds hypothécaire de l’ACAMS est financé par les taux d’intérêts chargés sur ses crédits. Les autres activités de la coopérative (formations et aide communautaire) sont financées séparément. DESWOS contribue à hauteur d’environ 15 pour cent (environ 23.000 euros) des coûts de fonctionnement, incluant le personnel.

Une usine qui produit des matériaux de construction écologiques et une installation de traitement des eux construite pour servir la communauté génèrent également des revenus. Ces deux entreprises ont contribué à financer des projets communautaires comme le centre communautaire, la maison de repos et le centre de formation. Les revenus contribuent également aux autres activités de l’ACAMS, comme la promotion d’activités durables sur le plan écologique.

  • Solidar Suiza:
    • 2.400 dollars pour l’enregistrement légal en tant que coopérative.
    • 20.000 dollars pour la production de matériaux.
  • DESWOS (Deutsche Entwicklungshilfe für soziales Wohnungs- und Siedlungswesen, organisation allemande pour le logement social et le logement) :
    • 1,5 million d’euros (1,675,125 dollars) pour la construction de 186 logements (depuis 2007).
    • 100.000 euros (111.675 dollars) pour la construction du centre communautaire et de la maison de repos.
  • Ville de Zürich : 100.000 euros (111.675 dollars) pour la rénovation de 80 logements.
  • DESWOS et le gouvernement local : 60.000 euros (67.005 dollars) pour la construction du centre de formation.

Le coût des logements pour les familles est d’environ 150 dollars par mètre carré, alors que le taux du marché est d’environ 200 à 250 dollars. (Cela englobe les coûts de construction, les matériaux, les frais de transport et la main-d’œuvre).

Aspects innovants

Il existe très peu de coopératives dirigées par des femmes en Amérique latine, surtout dans les régions reculées. Malgré cela, la coopérative d’épargne et de crédit ACAMS a été créée avec peu d’aide externe. Les coopératives étaient considérées comme un domaine très masculin et ces femmes ont dès lors encouragé d’autres femmes à s’impliquer. Leur approche pour rénover et renforcer les communautés se base sur la démocratie et la transparence. Ceci est particulièrement important pour regagner la confiance dans des communautés qui ont été divisées et traumatisées par 12 années de guerre civile. La nature participative de la coopérative, surtout parmi les femmes, est innovante dans une société qui a peu d’expérience dans la recherche de solutions inclusives.

L’ACAMS a fait des recherches sur les constructions durables sur le plan écologique et a trouvé une méthode pour produire ses propres matériaux locaux. Deux de ces matériaux (les tuiles et les planchers) ont été introduits au Salvador grâce à leur relation avec le réseau EcoSur.

Son programme d’épargne et de crédit est devenu un important point focal de la communauté. Il garantit une communication constante entre les membres et la direction. Des contacts quotidiens se font lorsque les femmes déposent leurs économies ou introduisent des demandes de crédit. Les programmes sociaux et pédagogiques offrent des conseils et des formations sur les finances personnelles et les finances des ménages.

Quel est son impact sur l’environnement ?

La coopérative d’épargne et de crédit ACAMS possède une petite usine qui produit des tuiles de ciment[1] (pour les toits), des panneaux de béton armé[2] (pour les sols), et des blocs de béton. Les tuiles et les panneaux sont durables et consomment moins d’énergie grise[3] que les matériaux plus traditionnels. Ces deux matériaux ont été introduits au Salvador grâce à la relation de l’ACAMS avec le réseau EcoSur. Etant donné qu’ils sont produits localement, ils rendent le processus de construction moins nocif pour l’environnement. La construction locale implique aussi une réduction des coûts. Les produits sont vendus au grand public.

Le réseau EcoSur et l’Université de Zürich a réalisé une étude sur l’approche de l’ACAMS pour produire des matériaux de construction. L’étude a démontré que l’approche réduisait la consommation de ciment, d’acier et de sable par rapport aux techniques traditionnelles.

A la campagne, des murs de terre et des matériaux organiques sont construits aux endroits où les terrains sont adaptés et où les matériaux sont disponibles. Tous les travaux de construction réalisés par la communauté respectent les normes nationales de construction, et offrent une bonne résistance aux séismes. Après les dégâts causés par les séismes en 2001, la plupart des travaux de reconstruction avaient été réalisés de façon inadéquate, affectant la confiance des communautés dans les méthodes de construction. Le travail réalisé par la coopérative a permis de restaurer cette confiance.

La coopérative travaille avec le gouvernement local pour sensibiliser le public sur la protection de l’environnement. La modification des règlementations locales a permis de modifier certains comportements, comme le tri des déchets pour le recyclage. Cette relation a également permis de promouvoir la plantation d’arbres et d’améliorer la protection des surfaces replantées.

[1] Ces tuiles sont composées de ciment et de sable. Elles ont une épaisseur de 10 mm et son placées sur un toit en bois ou en métal. Ces tuiles sont très résistantes aux séismes et aux ouragans (http://www.ecosur.org/index.php/ecomateriales/teja-de-microconcreto)

[2] Le béton armé est du mortier ou du platre renforcé (chaux ou ciment, sable et eau) qui s’applique sur une couche de treillis métallique, de métal tissé ou de fibres de métal. Il est utilisé pour construire des surfaces relativement fines, dures et solides (https://en.wikipedia.org/wiki/Ferrocement)

[3] L’énergie grise est l’énergie consommée par tous les processus associés à la production d’un bâtiment, du traitement des ressources naturelles à la construction en passant par le transport et la livraison du produit

Viabilité financière

Les activités de la coopérative liées aux épargnes et aux crédits sont viables financièrement dans la mesure où elles utilisent les intérêts perçus sur les paiements hypothécaires. Il s’agit de l’activité la plus importante pour l’ACAMS, qui prévoit de continuer à proposer des crédits destinés à rénover des logements. Plusieurs activités commerciales dirigées par la coopérative contribuent à générer des revenus, à l’instar de l’installation de traitement des eaux et de l’usine de l’ACAMS qui produit et vend des matériaux de construction. Ces installations emploient six personnes.

La construction des nouveaux logements est entièrement financée par DESWOS (Deutsche Entwicklungshilfe für soziales Wohnungs- und Siedlungswesen, organisation allemande d’aide pour le logement social et le logement). Cette organisation fournit actuellement (en 2017) des fonds pour 60 nouveaux logements dans le quartier de Santa Rita, et l’objectif est d’attirer des fonds pour un projet similaire à Cinquera en 2019.

Le programme de formation sur les constructions dépend de fonds externes. Étant donné son succès jusqu’à présent, il a obtenu de nouveaux fonds de DESWOS. Le fonds hypothécaire est financé par les remboursements des familles, qui équivalent à environ 50.000 dollars par an. Cela permet à l’ACAMS de financier environ 15 hypothèques par an de façon indépendante, et les fonds externes permettent à davantage de personnes de reconstruire leurs logements.

La coopérative d’épargne et de crédit promeut les épargnes et aide les résidents à être financièrement responsables. Les familles doivent convenir d’un budget avant de pouvoir prétendre à un crédit immobilier. Les crédits sont partiellement subventionnés (environ 50 pour cent) en vue de les rendre abordables, et l’organisation rencontre très peu de problèmes pour recevoir les remboursements des familles.

Les formations visant à aider les femmes à se lancer dans des activités commerciales sont financées par l’ACAMS via leurs propres activités génératrices de revenus et avec l’aide continue de Solidar Suiza.

Quel est son impact social ?

La coopérative place l’accent sur la communauté et promeut activement l’inclusion. Le comité des membres inclut des personnes venant de tous les secteurs de la société, dont des dirigeants des deux partis politiques et de plusieurs églises. Un comité a également été mis en place pour représenter les personnes plus âgées. Cette collaboration était un aspect important de la construction et la gestion de la maison de repos.

L’ACAMS place l’accent sur l’éducation comme moyen pour améliorer la vie des femmes en vue de leur permettre de prendre en charge leur propre situation. Elles doivent prendre des décisions financières et diriger les discussions familiales relatives à l’implication dans les constructions. De nombreux crédits octroyés par la coopérative aident des femmes à créer des petites entreprises, grâce notamment à des formations sur l’économie et la gestion de petites entreprises. La coopérative propose également des cours de phytothérapie, santé reproductive et sexuelle, et santé et hygiène. Grâce à ces activités, les membres de la coopérative ont noté un changement au niveau de la confiance, de la fierté et des capacités des communautés.

L’ACAMS fournit des formations pour les jeunes dans le cadre de son travail pour reconstruire et rénover les logements. Chaque formation se compose de huit semaines de cours théoriques (donnés par un instructeur d’EcoSur), et de stages de 18 mois sous la supervision d’un entrepreneur. Les formations sont données à dix jeunes à la fois. Les formations de l’ACAMS sont promues et soutenues par le ministère de l’Éducation du Salvador qui a construit un centre de formation et qui fournit du matériel pour les étudiants.

L’amélioration des installations sanitaires est un autre élément important du projet, qui inclut des salles-de-bains dans la conception des logements. Cela garantit l’hygiène et l’intimité, en tenant compte des besoins différents des hommes et des femmes. Une communauté a construit une installation qui englobe une toilette, une douche et une laverie en utilisant l’eau de pluie du toit. Cette idée a été transférée dans d’autres communautés travaillant avec la cooperative.

Obstacles

La localisation du projet était une région de conflit durant la guerre civile. À la fin de la guerre, les locaux s’habituaient aux dons caritatifs et aux programmes d’aide. Il importait de changer cet état d’esprit vers une culture où les familles améliorent leurs propres conditions de logement grâce à des épargnes et des crédits.

Dans une société traditionnellement dominée par les hommes, les femmes n’étaient généralement pas impliquées dans les prises de décisions. La coopérative a fourni une éducation inclusive en vue de promouvoir l’égalité des sexes et encourager les femmes à diriger ce programme communautaire.

L’ACAMS a constaté qu’elle n’avait pas suffisamment de fonds pour répondre à la demande de crédits. Toutefois, la coopérative se concentre sur un nombre limité de familles, à savoir entre 30 et 40 familles chaque année, et place l’accent sur la viabilité financière.

Leçons retenues

  • Il est plus facile de résoudre les problèmes lorsque la communauté travaille ensemble.
  • La création d’emplois offre des opportunités aux familles pour leur permettre d’augmenter leurs revenus et accéder à des crédits.
  • Le centre de formation propose des cours théoriques et pratiques. La combinaison de ces approches est très efficace pour soutenir le renforcement des compétences dans la communauté.
  • Les compétences des femmes ont été renforcées pour leur permettre de devenir indépendantes et de prendre leurs propres décisions financières via une participation active dans des activités génératrices de revenus.
  • Le logement n’est qu’un aspect de l’amélioration de l’habitat’ et l’éducation est essentielle pour sensibiliser le public.
  • Les formateurs jouent un rôle essentiel pour développer une organisation solide et efficace.
  • Chaque famille nécessite une attention individuelle selon ses besoins et les problèmes qu’elle rencontre.

Évaluation

Un auditeur indépendant évalue le projet deux fois par an pour suivre la distribution des fonds. Les bailleurs visitent le projet chaque année et le réseau EcoSur prévoit un suivi régulier par des spécialistes.

La coopérative d’épargne et de crédit a réalisé des évaluations d’impact de la coopérative et a publié une étude sur la politique municipale pour l’égalité des sexes.

Une évaluation approfondie est prévue en 2018. Elle analysera l’impact du projet sur trois niveaux : personnel, communautaire et national. Les membres de la coopérative participeront à l’évaluation et un expert externe analysera et publiera les résultats. Cette évaluation sera utilisée comme outil d’apprentissage pour la direction de l’ACAMS et les membres de la cooperative.

Reconnaissance

Le projet a reçu la visite de membres du réseau EcoSur venant d’Équateur, du Nicaragua, de Cuba, du Honduras et d’Allemagne. L’ACAMS a également accueilli des représentants de l’Union européenne, ONU-Habitat et plusieurs bailleurs.

Le projet a été mentionné dans le magazine d’EcoSur et dans des publications de DESWOS.

Transfert

Six groupes différents de femmes ont commencé à développer des tuiles de béton avec l’aide de la coopérative et d’EcoSur. Deux de ces groupes ont réussi à s’installer dans le marché. Ceci un véritable exploit dans la mesure où le marché pour les matériaux de construction est très compétitif et dominé par les hommes.

L’ACAMS fournit des services à des coopératives dans d’autres domaines, comme l’ACOTEJERA à Sonsonate, l’ACOVENCE à Usulután, et l’ACEDE à San Vicente.

La coopérative a donné des présentations lors d’événements internationaux en Amérique centrale, à Cuba et en Équateur. Des groupes de femmes venant de Cuba et du Nicaragua sont venus pour analyser la possibilité de créer des coopératives de logement basées sur le programme d’épargne et de crédit. Les membres de la coopérative pensent que les différents éléments de l’approche peuvent être facilement transférés mais que le principal problème est d’avoir les bonnes conditions pour rassembler la communauté.

En 2008, l’ACAMS a organisé une conférence sur les matériaux de construction écologiques pour les promoteurs venant d’Amérique centrale. Elle participe également régulièrement à des réunions au niveau nationale.

La coopérative a organisé une discussion sur le thème de l’eau, des sanitaires et de l’hygiène, en vue de placer l’accent sur la perspective des femmes. Le résultat de cette discussion était le développement d’une installation communautaire englobant une toilette, une douche et une laverie. Cette installation a été promue par EcoSur et a été reproduite en Haïti, en Équateur et à Cuba.