Les personnes handicapées à bas revenus sont confrontées à des problèmes importants. Les problèmes d’accès et les logements inadéquats impliquent que ces personnes nécessitent souvent une aide constante à la maison. Ce projet à Medellín aide ces personnes en apportant quelques adaptations et améliorations dans leurs salles de bain afin de leur faciliter leur quotidien. Les effets sont remarquables, offrant une indépendance aux personnes handicapées et leur permettant, ainsi qu’à leurs familles, de jouir d’une meilleure qualité de vie.
Description du projet
Objectifs
Le principal objectif est d’améliorer la qualité de vie des personnes handicapées et de leurs familles en réalisant des travaux de rénovation dans leurs logements. Ces améliorations se concentrent sur les besoins pratiques des personnes handicapées, notamment au niveau des salles de bain.
Les critères de sélection sont les suivants :
- Vivre dans un logement régularisé (si ce n’est pas le cas lors de la demande, l’ISVIMED peut aider).
- Vivre dans une zone qui n’est pas considérée comme étant à risque (pas sur une pente instable).
- Etre propriétaire du logement et ne pas posséder d’autre propriété.
- Avoir un revenu ne dépassant pas deux salaires du salaire minimum légal.
- Résider à Medellín depuis au moins six ans et dans le logement en question depuis au moins trois ans.
- Avoir accès à l’eau et aux égouts.
L’autorité locale de Medellín a introduit différentes mesures destinées à lutter contre la pauvreté. C’est dans ce contexte que le projet « Amélioration sans obstacles » (Mejoramiento Sin Barreras) a été créé. L’ISVIMED, l’institut chargé de la gestion du logement social dans la ville de Medellín, a été chargé d’aider les personnes handicapées et les membres de leur famille à jouir de davantage d’indépendance et d’une meilleure qualité de vie grâce à quelques améliorations au niveau de l’infrastructure physique de leurs logements. Le projet a décidé de se concentrer sur l’amélioration des salles de bain en ajoutant des rampes et en les rénovant afin de faciliter leur utilisation par les personnes handicapées, en partant du principe que ces améliorations pourraient avoir le meilleur impact. Le projet visait à aider les personnes handicapées et les personnes qui s’en occupent. Ces améliorations devaient accorder davantage d’intimité et d’indépendance aux personnes handicapées et les aider ainsi que les personnes qui s’en occupent à participer davantage dans la société.
Contexte
Medellín est la deuxième plus grande ville de la Colombie avec une population de 2,5 millions d’habitants. Au cours des années 1980 et 1990, la ville était considérée comme l’épicentre d’une guerre entre plusieurs cartels de drogue. En 1988, le magazine Time l’a décrite comme « la ville la plus dangereuse du monde ». Au cours de ces quatorze dernières années, la ville a toutefois connu une transformation extraordinaire. L’économie est en pleine prospérité depuis la fin de la guerre et de nombreuses mesures ont été adoptées, comme la construction d’un nouveau système de transport rapide, actuellement reconnu comme étant un des meilleurs en Amérique latine.
« Où sont les personnes handicapées » est une question que vous pourriez vous poser lorsque vous vous rendez dans les différentes communautés en Amérique latine. La réponse est que de nombreuses personnes handicapées sont cachées, restant à la maison à cause de leur manque d’indépendance.
La façon dont les villages sont construits rend ceux-ci particulièrement inaccessibles pour les personnes à mobilité réduite. Souvent, ils sont construits sur des terres que personne d’autre n’utilise car elles sont en pente, avec des rues très étroites et rarement goudronnées. Les problèmes d’accessibilité commencent bien souvent à la maison. De nombreuses personnes handicapées rencontrent des difficultés car l’aménagement de leurs logements est inadapté. La plupart des logements dans les quartiers défavorisés sont construits sur des petites parcelles à un coût minimal. Peu de logements disposent de salles de bain accessibles pour les personnes handicapées. Cela implique que de nombreuses personnes handicapées nécessitent des soignants à temps plein pour les aider et doivent souvent se laver ou utiliser des toilettes dans des lieux inadaptés, ce qui affecte leur intimité et qui peut engendrer des risques pour leur santé. Cela les rend non seulement dépendantes mais génère en outre un poids pour leurs soignants. Les personnes qui s’occupent des personnes handicapées sont souvent des membres de leur famille, qui dans certains cas doivent fournir une aide 24h/24, sept jours sur sept, ce qui les empêche de travailler ou de participer dans la société. L’amélioration des logements pour les rendre accessibles aux personnes handicapées est rarement abordable pour les personnes vivant dans les quartiers défavorisés.
Bien que cela ne soit pas toujours visible, de nombreuses personnes handicapées vivent dans les quartiers défavorisés. L’ISVIMED estime que 12% de la population de Medellín est handicapée. Disability Awareness in Action, l’organisation mondiale de défense des droits des personnes handicapées, a affirmé qu’il existait un lien étroit entre la pauvreté et le handicap. La pauvreté peut engendrer un risque accru de handicap, et le handicap rend les personnes plus vulnérables à la pauvreté.
Principales caractéristiques
Ce projet s’inscrit dans le cadre du programme de logement de l’ISVIMED qui se concentre sur les besoins des personnes à bas revenus, notamment des personnes qui vivent dans les quartiers défavorisés.
Le projet se concentre sur l’amélioration des conditions de vie des personnes handicapées à mobilité réduite en leur fournissant de meilleures salles de bain. Cela permet d’améliorer la qualité de vie des personnes vivant dans certains des quartiers les plus pauvres de la ville.
Quel est son impact ?
Entre 2013 et 2015, le projet a amélioré 1 450 logements dans la ville de Medellín.
Comment est-il financé ?
Le programme est financé entièrement par la ville de Medellín et a coûté 1,3 million de dollars pour l’amélioration de 2 000 logements en deux ans.
Aspects innovants
Les programmes publics de logement en Amérique latine s’appliquent rarement tant au secteur officiel qu’au secteur informel du logement. Le programme se concentre uniquement sur les besoins des personnes et non sur un secteur.
Le programme se concentre sur des interventions minimales à bas coût afin d’aider le plus de personnes possible rapidement.
Quel est son impact ?
ISVIMED considère que les salles de bain sont particulièrement importantes. L’intimité liée au fait de pouvoir se laver seul est importante pour renforcer l’estime de soi et la confiance en soi.
En apportant des améliorations aux maisons dans lesquelles vivent des personnes handicapées, le projet fournit les conditions nécessaires pour aider ces personnes à vivre de façon autonome tout en libérant du temps pour les personnes qui s’en occupent.
Viabilité financière
Le projet est entièrement financé par l’autorité locale et dépend dès lors de la continuité des fonds publics.
Obstacles
Le principal obstacle pour le développement et la mise en œuvre du projet Mejoramiento Sin Barreras est l’absence de données fiables sur les personnes handicapées dans la ville. Il n’existe actuellement aucune information permettant d’identifier les personnes handicapées et il a été difficile de collecter ces informations.
Pour surmonter ce problème, Mejoramiento Sin Barreras a promu le programme dans les médias et a encouragé les personnes handicapées à se manifester.
Cette approche implique que l’ISVIMED ne pouvait pas cibler le programme selon les personnes qui en avait le plus besoin.
Le calendrier budgétaire de la ville de Medellín et le changement d’administration au sein de l’autorité locale ont fait en sorte que le programme ne pouvait être proposé que pour deux ans, même si le programme pourrait être renouvelé par la nouvelle administration.
Leçons retenues
Le programme possédait peu d’informations sur son groupe cible. Une étude préliminaire aurait permis à l’ISVIMED de mieux planifier et cibler le programme.
Évaluation
Le programme dispose d’une équipe d’évaluateurs employés tout au long de la phase de mise en œuvre pour suivre la performance du programme. L’évaluation n’est pas encore terminée.
Transfert
D’autres villes colombiennes ont manifesté leur intérêt pour reproduire le programme, mais aucune ville n’est encore passée à l’action.