Les Roms font partie des communautés les plus vulnérables en Europe avec un long passé de persécution et de discrimination à leur encontre. La plupart des Roms vivent dans des quartiers ségrégués et dans des logements précaires. Ce projet tente d’améliorer leurs conditions de logement et de mieux intégrer les Roms dans la société, en prônant notamment l’égalité de l’accès aux services publics. Il rénove des logements, améliore les sanitaires, encourage la scolarité des Roms et les aide à trouver du travail. Ce projet a maintenant été étendu un peu partout en Serbie.
Description du projet
Quels sont ses objectifs ?
Ce projet vise à améliorer les conditions de vie des Roms et aider les Roms à mieux s’intégrer dans la société. Il compte y arriver en :
- Aidant les Roms à améliorer leurs logements et leurs sanitaires.
- Aidant les enfants roms à se scolariser.
- Améliorant les taux d’emploi parmi les Roms afin de leur assurer des bons niveaux de revenus.
- Aider les Roms à accéder aux services publics.
Lors de la période 2008-2012, le projet a développé, testé et mis en œuvre un programme visant à améliorer les logements et les conditions de vie de 3 000 Roms vivant dans 13 villages. En outre, des formations ont été données à 630 enfants roms. La phase actuelle du projet vise à consolider, étendre et institutionnaliser les approches développées jusqu’à présent.
Dans quel contexte opère-t-il ?
La Serbie possède une des plus grandes populations roms d’Europe, avec environ 500 000 Roms. Le gouvernement n’a ni les capacités ni les ressources pour développer les camps roms. La communauté rom est rarement impliquée dans les décisions relatives à ses camps et logements. Les Roms font partie des communautés les plus vulnérables d’Europe, avec un long passé de persécution et de discrimination. Les communautés roms font également partie des plus pauvres et des plus exclues socialement d’Europe. En Serbie, environ 60% de la population rom est considérée comme très pauvre, vivant en dessous du seuil de pauvreté qui est de 2 dollars par personne par jour. Vingt-six pour cent des enfants roms souffrent régulièrement de malnutrition, alors que seuls 46 pour cent d’entre eux ont un vrai repas chaque jour. Seuls 11 pour cent des camps roms sont considérés comme développés, alors que la plupart de ces camps sont illégaux. La plupart des Roms vivent dans des logements précaires sans accès aux sanitaires et avec un accès limité aux équipements publics. Quarante-cinq pour cent des camps roms sont situés sur des terrains peu sûrs et illégaux. Par rapport à la population générale, les Roms ont un taux nettement plus faible de scolarité et d’emploi.
Quelles sont les principales caractéristiques du projet ?
Le projet lutte contre les problèmes complexes rencontrés par la communauté rom de façon holistique grâce à des partenariats entre la communauté rom, les institutions publiques et les municipalités. Cette approche se différencie des autres approches qui se concentraient presque exclusivement sur la fourniture de logements. Le projet aide les Roms à s’impliquer dans les décisions relatives à l’amélioration de leurs camps. Ce projet place l’accent sur les occupations par les propriétaires afin d’encourager les propriétaires à améliorer leurs propres logements. La main-d’œuvre et les matériaux locaux sont fournis par les familles et le projet investit en moyenne 2 150 euros par logement pour les nouveaux matériaux. En outre, le projet lève des fonds pour améliorer les sanitaires et les équipements des camps roms.
Le projet aide également les familles roms à scolariser leurs enfants. Il a fourni un encadrement à 300 élèves roms grâce au travail de 14 aides-éducateurs. Les enfants roms d’autres écoles ont reçu des bons pour acheter le matériel scolaire nécessaire ainsi que les uniformes scolaires. Le projet cherche à aider ses bénéficiaires à trouver du travail et développer leurs compétences. Ce service est fourni en partenariat avec le Service national de l’emploi. Il est utilisé par 80 personnes. Par ailleurs, 1 050 Roms rapatriés en Serbie utilisent les services du centre de consultation juridique et de migration.
Comment est-il financé ?
Le projet est largement financé par les dons de l’Entraide protestante suisse (HEKS-EPER) et de l’Agence suisse pour le développement et la coopération (SDC). Entre 2008 et 2012, EHO et ses partenaires ont investi environ 2,4 millions d’euros dans l’amélioration des conditions de vie des Roms dans leurs camps, dont 1,21 million d’euros provenaient de la SDC, l’HEKS et du Bureau fédéral suisse pour les migrations, alors que 760 000 euros ont été investis par l’Entraide protestante norvégienne et le Ministère norvégien des Affaires étrangères. Les municipalités locales ont investi 380 000 euros, et 760 000 euros ont été investis à titre de contributions en nature par les familles roms.
Le lobbying auprès des municipalités a permis de générer des contributions en nature et un cofinancement à hauteur de 82 870 euros alors que 95 000 euros ont été budgétisés pour 2014. En outre, de nombreux ministères nationaux soutiennent le projet et le présentent comme une bonne pratique en Serbie, ce qui constitue une contribution en nature.
Quel est son impact ?
Le projet a un impact très important sur la population rom. Durant la période 2008-12, le projet a amélioré les conditions de vie de 3 000 Roms vivant dans 13 camps. Ce projet a testé une approche visant à améliorer les logements, qui a été validée par une évaluation indépendante réalisée en 2011. Durant cette période, une aide pédagogique a été fournie à 630 enfants, des formations sur le terrain ont été fournies à 240 Roms et 186 personnes ont bénéficié de services juridiques ou d’orientation.
La phase 2013-15 du projet étend actuellement l’approche dans neuf municipalités, en vue d’aider environ 19 000 Roms. Les conditions de logement de 540 personnes ont déjà été améliorées. Elles ont un meilleur accès à l’eau, aux sanitaires et à l’électricité.
Le système d’encadrement scolaire permet d’aider 300 élèves roms, qui ont un taux de présence scolaire nettement plus élevé grâce à ce système. Sept cent élèves ont reçu des bons pour acheter du matériel scolaire.
Plus de mille élèves ont bénéficié de services juridiques et d’orientation afin de faciliter leur réinsertion. Quelques 80 personnes ont bénéficié de services d’accès à l’emploi. Le projet offre aux municipalités un modèle pour améliorer les camps roms et promouvoir leur inclusion dans la société.
Aspects innovants
Le partenariat entre les municipalités et les communautés de Roms pour tendre vers un objectif commun est peut-être l’élément le plus novateur de ce projet. Par rapport à un projet qui ne propose qu’un logement physique géré par le gouvernement ou une ONG, ce projet combine les différents avantages des institutions impliquées. Il place également l’accent sur l’accession à la propriété pour les bénéficiaires, améliore leur structure existante et utilise pleinement leurs compétences. Il ne se concentre pas uniquement sur les besoins en terme de logement mais renforce en outre l’économie des Roms et soutient l’éducation de leurs enfants. Cela contribue à améliorer le bien-être de cette communauté.
Quel est l’impact sur l’environnement ?
Le guide rédigé par le projet encourage l’utilisation de briques recyclées, de tuiles recyclées et de bois.
Le projet améliore les systèmes d’approvisionnement d’eau et les sanitaires, générant une eau plus saine pour les Roms et réduisant la pollution des cours d’eau. Il y a de nombreux impacts positifs pour l’environnement local, notamment lorsque l’on améliore les camps roms.
Le projet est-il viable sur le plan financier ?
Le projet est financé par des subventions de bailleurs internationaux et d’organisations religieuses. Le projet utilise ces fonds pour renforcer les capacités et faire du lobbying auprès du gouvernement pour obtenir davantage de ressources. Tout porte à croire que le projet continuera de recevoir des fonds publics, des fonds locaux et des contributions des communautés.
Le projet a réussi à aider la communauté rom à accéder à l’emploi et à acquérir de nouvelles compétences. Le projet utilise également la main-d’œuvre des Roms et aide les enfants roms à suivre une scolarité normale. Dès lors, ces enfants ont un taux de présence scolaire nettement plus élevé ainsi que de meilleurs niveaux d’éducation.
Quel est son impact social ?
Le projet contribue à soutenir l’intégration des Roms dans la société. Il facilite également l’entraide et la coopération au sein de la communauté rom.
Le projet offre à ces personnes des cours, des formations et des équipements basiques afin de leur permettre de chercher du travail. Toutefois, les niveaux d’emploi restent faibles, notamment à cause de la précarité du marché du travail dans le pays. Le projet fournit également des formations sur la construction dans le cadre de formations de terrain.
Le projet a également permis d’améliorer le taux de présence scolaire parmi les enfants roms. Il a amélioré les logements et l’accès aux services basiques tels que l’eau et les sanitaires. Tant les camps que les logements ont été améliorés, ce qui offre de meilleures conditions sanitaires aux Roms. Les améliorations en matière de santé et de sécurité ne sont généralement pas mesurées par le système de suivi du projet.
Le projet a également permis d’améliorer les opportunités d’emploi pour les salariés et indépendants. Il a pour ce faire fourni des consultations aux expatriés roms, aux communautés hôtes, aux autorités locales et aux institutions sur des problèmes liés aux droits des Roms, à la migration, à la subjectivité juridique, etc. Il a en outre aidé les communautés à construire des sanitaires et à améliorer leurs logements.
Obstacles
Le projet a défini plusieurs problèmes et des mesures ont été mises en place pour les surpasser :
- La sélection des bénéficiaires était difficile au début du projet. Elle est à présent réalisée avec des représentants du gouvernement local et partagée avec la communauté.
- La coopération active de la municipalité était problématique au début. Maintenant, le gouvernement local est impliqué dans tous les aspects du projet pour éviter le risque de manque de coopération et pour améliorer la viabilité du projet. Au début également, la communauté rom n’était pas convaincue par les avantages du projet.
- L’évaluation réalisée en 2011 a également défini la difficulté de trouver des emplois pour les Roms. Les compétences et formations ne sont pas suffisantes pour les insérer dans le marché du travail.
Leçons retenues
Le projet rassemble les points forts de différents partenaires : les bailleurs, les municipalités, les ministères et la communauté rom. Il implique la communauté rom, tant au niveau des choix qu’au niveau de l’implication dans la planification et la conception, et travaille avec des procédures clairement définies. Le projet a promu une approche via laquelle les propriétaires se chargent de définir les besoins pour améliorer les logements et les communautés. Cela garantit la propriété des travaux et leur durabilité. Une aide supplémentaire pour les participants, en termes d’enregistrement de résidence, d’enseignement, d’accès à l’emploi et de revenus, est considérée comme une partie intégrante de ce projet.
Évaluation
Depuis 2013, le projet a été régulièrement évalué sur base de différents indicateurs. Une évaluation externe a été réalisée en 2011 et une autre évaluation était prévue durant l’automne 2015. Les activités et dépenses sont également suivies minutieusement. Le projet inclut également un rapport d’un auditeur indépendant pour la période allant jusqu’en 2013.
Transfert
Le projet s’est étendu de 2008 à aujourd’hui. Il a réalisé une évaluation en 2011 et la phase actuelle se termine en 2015. La confiance dans l’approche des acteurs, notamment des bailleurs, de la municipalité, du gouvernement et des Roms, a augmenté au fil du temps. La phase actuelle du projet est la phase de transfert et de généralisation. L’EHO fait tout son possible pour étendre le projet et permettre à d’autres de découvrir ce projet. L’objectif est également de partager cette expérience avec d’autres pays où les Roms sont confrontés à des problèmes similaires.
Le projet a été transféré dans différentes municipalités de la région de Vojvodine.
Certains éléments du projet ont également été transférés un peu partout en Serbie. Un projet séparé a été développé à Belgrade, et un projet décentralisé a été développé au Sud de la Serbie.
Le projet a été partagé sur le plan international et a été visité par différents groupes. Le programme a été inclus dans le manuel d’ONU-Habitat sur les pratiques de logement durable en 2012. En 2011, il a également été présenté lors du premier forum sur le logement à Budapest, en Hongrie. Son travail a été souligné dans le rapport de l’Organisation sur la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) sur la législation en matière de logement.
Certains éléments du projet ont également été inclus par l’ONG Voice of Roma basée au Kosovo.