Adrienne Van Vyve, travaillant pour les Infirmiers De Rue à Bruxelles, nous présente les résultats de leur dernière Semaine de connexion et la prochaine étape de leur action dans le cadre de la Campagne européenne sur l’élimination du sans-abrisme de rue.
Le sans-abrisme à Bruxelles a pratiquement doublé en moins de dix ans. Certes choquante, cette statistique n’est guère étonnante lorsque l’on sait que la complexité des systèmes politiques entrave les processus décisionnels et qu’il existe un réel manque de volonté politique pour passer des politiques qui fournissent une aide d’urgence temporaire à des mesures préventives mises en œuvre pour éliminer complètement le sans-abrisme.
Lorsque le nombre de sans-abri dormant dans la rue a dépassé les 700 en 2016, nous avons dit « assez ! », et la Campagne 400 Toits-Daken est née l’année suivante. Le chiffre 400 fait référence au nombre de sans-abri dormant dans les rues de Bruxelles lors du comptage officiel en 2014. La campagne couvre bien notre mission, à savoir le logement de 400 sans-abri d’une façon qui les empêche de retourner dans la rue. C’est pourquoi nous plaçons l’accent sur le Logement d’abord, une méthodologie qui permet de loger les personnes directement et de leur fournir ensuite un accompagnement qui leur permet de rester logées.
Après près de deux ans, nous les choses ont quelque peu avancé. Nous avons maintenant organisé notre deuxième Semaine de connexion, afin d’apprendre à connaître chaque sans-abri par son nom, de définir leurs besoins sociaux et médicaux et de débuter le processus leur permettant de sortir de la rue et de se reloger.
Malheureusement, toutefois, force est de constater que la situation dans les rues se détériore. Depuis l’année passée, nous avons constaté une hausse de 50% du nombre de personnes sans domicile qui ne peuvent satisfaire leurs besoins basiques. Si la majorité de ces personnes sont des hommes, les comportements dangereux parmi les femmes, tels que la prostitution et l’échange de seringues, ont pratiquement triplé. Plus de la moitié des femmes abordées avait passé plus d’un an dans la rue, alors que ce chiffre dépassait à peine le tiers des femmes sans domicile l’année passée.
Que pouvons-nous retirer de tout cela ?
Ces statistiques démontrent surtout que non seulement il y a plus de sans-abri dans la rue, mais également que ces personnes sont de plus en plus vulnérables et qu’elles n’ont pas accès à l’accompagnement dont elles ont urgemment besoin. Notre rapport, qui détaille les résultats de la Semaine de connexion, offre une analyse plus approfondie de ces statistiques. La Semaine de connexion a également joué un rôle très important au niveau de la sensibilisation du public, qui est l’autre élément central de notre campagne. Sans la coordination et la mobilisation de toutes les personnes directement ou indirectement impliquées, comme le grand public, les politiciens, les investisseurs privés, les chercheurs, les architectes et bien d’autres encore, nous ne pouvons en aucun cas réaliser les changements nécessaires pour éliminer le sans-abrisme à Bruxelles. Mais ensemble, tout est possible.
Le problème du sans-abrisme ne se limite pas à Bruxelles, ni même à la Belgique. Malheureusement, nombre de villes européennes sont confrontées à une hausse du nombre de sans-abri. C’est pourquoi la campagne 400 Toits-Daken s’inscrit dans le cadre d’un mouvement plus large, à savoir la Campagne européenne sur l’élimination du sans-abrisme de rue. La participation à la campagne européenne implique le travail avec d’autres villes sur une vision commune, en apprenant de l’expertise et des expériences de ces villes, ainsi que le partage de solutions concrètes ou imaginées pour faire avancer la lutte contre le sans-abrisme dans toutes les villes participantes.
Nous estimons que l’élimination du sans-abrisme passera forcément par un changement de mentalité. Il n’est pas suffisant de se rendre dans la rue pour aider les personnes sans domicile. Ce changement de mentalité doit se faire tant parmi le grand public que parmi les personnes qui ont la capacité de changer les choses à différents niveaux : local, régional, national, européen et mondial. Dès lors, nous devons unir nos forces pour éliminer une fois pour toutes le sans-abrisme !
Image: Myriam Andries
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