Basket Mon panier

English | Español
Search

Matt Peacock et David Tovey d’Arts and Homelessness International nous parlent de l’importance de la créativité dans le secteur du sans-abrisme et de travailler avec les sans-abri et non pour eux.

Matt :
Le 18 septembre, le projet Arts and Homelessness International (AHI) a été lancé via un canal que nous utilisons de plus en plus : Zoom. Une partie des 300 projets créatifs que nous connaissons aux quatre coins du monde nous a rejointe, de même que des amis du Japon, de Rio, d’Iran et du Royaume-Uni, en vue d’interpréter des chansons, de la poésie et des pièces de théâtre, et montrer ainsi la façon dont l’art et la créativité nous permettent de nous épanouir et non simplement de survivre.

AHI apporte des changements positifs aux politiques, projets et personnes dans le secteur de l’aide aux sans-abri par le biais de la créativité. Le projet a été créé durant l’Olympiade culturelle de Londres en 2012 alors que je dirigeais l’association britannique Streetwise Opera. Alors que les yeux du monde entier étaient rivés vers Londres cet été-là, les personnes qui étaient sans domicile voulaient se faire remarquer pour leurs compétences et exploits, et non pour leurs besoins et problèmes. Nous avons ainsi créé With One Voice pour les mettre en lumière.

Nous avons été invités à reproduire l’événement lors de l’Olympiade de Rio en 2016, nous sommes devenus une association indépendante en 2019, et nous avons changé notre nom en Arts and Homelessness International ce mois-ci. Nous renouvelons notre engagement à renforcer le secteur émergeant de l’art et du sans-abrisme, en promouvant le développement de projets individuels et l’intégration de la créativité dans les services d’aide aux sans-abri. Nous travaillons également dans la coproduction et la moitié de nos membres sont, ou ont été, sans domicile.

David :
La valeur de l’art n’a jamais été aussi forte que dans le cadre du COVID. Du jour au lendemain, l’art est devenu aussi important que les médicaments, pour lutter contre l’isolement et les troubles psychiques durant le confinement. Les programmes TV et les ateliers artistiques en ligne ont « explosé » sur nos écrans, rendant l’art accessible au plus grand nombre. Certaines franges de la société restent malheureusement exclues, à l’instar des personnes sans abri.

Toutefois, nous avons constaté que le secteur des arts et du sans-abrisme a pris de l’ampleur durant le confinement, afin de permettre aux personnes sans abri d’accéder aux arts :

Malheureusement, l’art est souvent sous-évalué dans le secteur de l’aide aux sans-abri et n’est jamais réellement pris au sérieux. Jusqu’à maintenant, il a toujours été considéré comme un simple « complément » au travail qui existe déjà au sein du secteur. Mais pour la première fois, il est vraiment valorisé. L’art atteint plus de personnes que jamais auparavant et le COVID-19 démontre que tout le monde devrait pouvoir accès à l’art.

Comme vous pouvez le constater, la lutte contre le sans-abrisme ne se limite pas au logement. Il existe une multitude de raisons pour lesquelles une personne devient sans abri, et nous devons dès lors trouver une multitude de solutions pour aider les personnes à sortir du sans-abrisme. L’art devrait faire partie de ces solutions.

Matt :
C’est cette philosophie qui nous a poussés à promouvoir la créativité dans le secteur de l’aide aux sans-abri. Nous avons commandité une étude sur l’impact global de l’art et du sans-abrisme qui a démontré que la créativité renforce le bien-être, la résilience et les compétences (Shaw, 2019).

Nous avons travaillé avec des collègues du secteur de l’aide aux sans-abri à Manchester afin de développer un modèle visuel montrant le besoin de la multiplicité de solutions. C’est ainsi qu’a été créé le Puzzle de l’aide aux sans-abri, à savoir un modèle intégré dans les stratégies locales de lutte contre le sans-abrisme à Manchester et Coventry, et un des exemples de bonnes pratiques de l’ONU. Nous réfléchissons à présent à la façon dont nous pouvons passer de la théorie à la pratique en intégrant la créativité dans les services d’aide aux sans-abri au niveau local, en commençant à Coventry.

David :
Notre approche n’est toutefois pas nouvelle ; des méthodes similaires existent dans le domaine de la planification municipale. La ville de Welwyn Garden était la première nouvelle ville britannique à être conçue dans le cadre d’une pandémie dans les années 20 après l’apparition de la Grippe espagnole, en plaçant l’accent sur la vie saine et la vie sociale. Le quartier de Bosco Verticale à Milan est conçu autour du bien-être, avec 900 arbres, 5.000 arbustes et plus de 11.000 plantes produisant de l’oxygène et réduisant la pollution. Cette biodiversité attire davantage d’oiseaux, d’insectes et de faune, ce qui permet l’adoption d’une approche holistique pour la communauté dès le départ.

Notre vue utopique des services d’aide aux sans-abri implique également une nouvelle façon de regarder les sans-abri. D’aucuns ont tendance à penser que les sans-abri représentent un fardeau pour la société et les ressources alors que si nous considérons la valeur de ces personnes, tout le monde a sa place dans la société.

Si l’on applique cette approche holistique en intégrant la créativité dans les solutions, et si l’on travaille avec les sans-abri et non uniquement pour eux, nous pouvons réaliser des miracles. L’art m’a permis de m’en sortir lorsque j’étais sans domicile et me voici, quelques années plus tard, au sein de groupes d’experts du gouvernement avec des ministres, pour les conseiller sur des politiques. Tout le monde mérite d’avoir une telle chance.

Pour en savoir plus, veuillez consulter www.artshomelessint.com ou @artshomelessint.


Dernières nouvelles

Tout voir

Rejoignez la discussion !