La ville de Montréal est située à l’est du Canada, à quelques 80 kilomètres au nord de la frontière avec les États-Unis. Elle compte une population totale de 3,3 millions d’habitants et est située sur une île du fleuve Saint-Laurent. Les habitants sont majoritairement francophones, dont près de trois quarts louent leur logement. La hausse du nombre de jeunes premiers acheteurs et la récession économique à la fin des années 80 ont impliqué que de plus en plus de Montréalais n’avaient pas d’autre alternative que celle de consacrer une large partie de lors revenus au paiement de leur loyer. Les grandes maisons individuelles construites sur de grandes parcelles de terrain prédominaient le secteur privé de la construction, le gouvernement avait largement réduit son programme de logement social et il existait peu de stratégies pour la construction de logements abordables.

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Le programme en faveur de logements abordables a été développé par le personnel de l’École d’Architecture à l’Université McGill en 1989 en vue de définir des solutions pour construire des logements qui seraient vendus à des prix abordables aux ménages à faibles revenus. En juin 1990, une maison témoin du projet des maisons évolutives a été construite sur le campus de l’université et a été ouverte au public. Le concept a suscité l’enthousiasme des promoteurs du secteur privé. À ce jour, plus de 6.000 de ces logements ont été construits à Montréal, et 4.000 autres logements ont été construits au Canada et aux États-Unis.

La Maison Évolutive est une habitation en rangée de trois étages avec une superficie de 4 x 10 mètres. L’extérieur s’inspire de l’architecture vernaculaire de Montréal, même s’il a été nécessaire de modifier les normes municipales de construction en vue de construire des façades de moins de 5 mètres. Un aménagement intérieur innovant permet une utilisation efficace de l’espace, garantissant un certain confort pour les occupants. Le coût total de construction est de 18.000 euros et une Maison évolutive est généralement vendue entre 30.000 et 36.000 euros selon le quartier, alors qu’une maison typique de la banlieue de Montréal coûte en moyenne 120.000 euros. Les ménages avec un revenu de 11.000 euros (à savoir en-dessous du seuil officiel de pauvreté) peuvent se permettre d’acheter leur logement et paieront moins pour l’achat de leur maison évolutive que pour le loyer de leur précédent logement.

Ces économies importantes ont été atteintes grâce à plusieurs mesures. Premièrement, l’utilisation de terrains plus petits permet de réduire les coûts d’infrastructure de 60 pour cent. L’enveloppe plus petite du bâtiment permet également des économies importantes au niveau des matériaux de construction et des coûts de main-d’œuvre. Quelques 33 options différentes sont proposées aux acheteurs potentiels afin de leur permettre de trouver un compromis entre les équipements et leur budget. Par exemple, un toit incliné avec une fenêtre peut être ajouté pour 500 euros, des moulures architecturales peuvent être ajoutées aux portes pour 170 euros, un balcon peut être installé pour 155 euros, etc. Le deuxième étage ou le sous-sol peuvent rester partiellement terminés en vue de réduire les coûts de construction de 2.300 euros par étage. Les ménages peuvent ensuite terminer les travaux eux-mêmes, ou payer un entrepreneur par la suite, lorsqu’ils auront les ressources nécessaires. D’où le nom de Maison évolutive. Les acheteurs peuvent également modifier les plans originaux avant le début des travaux s’ils le souhaitent.

La simplicité de design des maisons évolutives et l’utilisation de méthodes traditionnelles de construction plaisent aux petits entrepreneurs privés qui composent l’industrie canadienne de la construction. L’approche est conforme avec leurs idées en matière de construction. Les maisons évolutives sont construites en petits groupes, avec une attention particulière pour les places de parking et la circulation, les espaces publics verts et les espaces privés. Les structures en bois sont généralement couvertes de briques ou de stuc, dans le style traditionnel.

Pas moins de 70 pour cent des acheteurs sont des jeunes couples, avec ou sans enfants. Le sous-sol non terminé est souvent transformé en pièce de vie supplémentaire lorsque la famille s’agrandit. Les autres acheteurs sont soit des ménages monoparentaux ou des célibataires qui ne peuvent se permettre d’acheter de logement dans le secteur privé.

Le design de ces logements présente différents avantages pour l’environnement. La densité accrue des constructions permet de limiter le nombre de routes et de raccourcir les trajets en voiture. La construction de maisons mitoyennes permet de réaliser des économies au niveau des matériaux de construction et de la consommation d’énergie grâce à l’utilisation de murs communs. La maison évolutive typique n’englobe qu’un tiers de murs extérieurs et que la moitié de la superficie des toits d’une maison indépendante traditionnelle. Les économies réalisées sur les frais de chauffage et d’air conditionné sont essentielles pour les ménages à bas revenus. En moyenne, les frais de chauffage sont réduits de 1.100 à 430 euros par an. En outre, des matériaux écologiques sont utilisés pour l’ensemble des constructions.

L’objectif principal des maisons évolutives est d’offrir aux propriétaires l’option d’avoir des espaces non terminés dont les travaux peuvent être réalisés plus tard. Il s’agit dans la plupart des cas du sous-sol. Les études réalisées par l’Université McGill démontrent que deux-tiers des ménages ont fini par transformer cet espace. Dans la plupart des cas, il s’agit de construire un espace familial (pour des loisirs, des invités, etc.), une buanderie, une salle-de-bain supplémentaire ou des espaces de stockage. Près de trois-quarts des personnes ont réalisé les travaux elles-mêmes ou avec l’aide d’amis et de voisins, plutôt que faire appel à un entrepreneur.

Le succès des maisons évolutives a été immédiat. Plus de 1.000 logements ont été construits en un an, par des entrepreneurs privés et sans aide publique. Plus de 10.000 logements ont été construits à ce jour en Amérique du Nord, et 50 logements ont été exportés en République tchèque. Les maisons évolutives sont à présent devenues le principal prototype pour les premiers acheteurs à Montréal. Quelques variations ont été développées au cours de ces dernières années, notamment au niveau de la réduction des coûts pour permettre aux ménages de choisir s’ils achètent un, deux ou trois étages des maisons évolutives. Les programmes de recherche de l’Université McGill continuent de répondre aux besoins relatifs à la construction de logements innovants et abordables pour les ménages à bas revenus.

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