Description du projet
Objectifs
En vue de mettre des logements et des infrastructures à la disposition des pauvres en région urbaine, l’Alliance tente de développer des pratiques et politiques urbaines qui incluent les personnes en situation de pauvreté et qui démontrent l’efficacité des approches ascendantes. Elle tente d’apporter des changements à long terme, de renforcer les capacités des communautés organisées pour mettre un terme aux expulsions forcées et de développer les compétences pour négocier avec le gouvernement et d’autres acteurs sur les questions du logement, des sanitaires et des équipements basiques, donnant un rôle central aux femmes et aux groupes d’épargne (groupes de Mahila Milan).
Contexte
L’Alliance d’Odisha fait partie de l’Alliance indienne, active dans 72 villes de neuf États indiens et dont le travail est reconnu sur le plan international. Mahila Milan et Sparc travaillent à Odisha depuis 1999 pour faciliter les processus communautaires. Dans les villes indiennes, les pauvres des zones urbaines vivent généralement dans des bidonvilles, où les maisons sont construites à partir de poteaux, de plastique et de terre, avec des toits en chaume ou en bâches plastiques, et nécessitent chaque année des réparations à des prix prohibitifs. Des maisons permanentes/plus solides ne sont pas construites à cause de l’absence de sécurité d’occupation et de capitaux disponibles pour les investissements dans les logements. La situation est aggravée par les nombreuses catastrophes naturelles et/ou causées par l’homme et les expulsions mises en œuvre par les administrations municipales. La pénurie de logement est très importante pour les personnes qui ne peuvent acheter des biens ou des terrains au prix du marché. Odisha est un des États les plus pauvres de l’Inde, où la pauvreté urbaine est estimée à 42 pour cent, soit bien plus que la moyenne nationale de 30 pour cent.
Principales caractéristiques
L’approche inclut différentes méthodologies telles que la création de groupes d’épargne et de crédit ; des enquêtes et comptages réalisés par la communauté ; des échanges parmi les communautés ; la construction de maisons modèles ; des campagnes pour des modèles alternatifs de régimes fonciers ; la construction d’une infrastructure communautaire ; et la facilitation de l’accès aux services. En outre, elle s’implique dans la sphère publique via des échanges par les pairs, des activités visant le partage des connaissances, des campagnes, des partenariats, des négociations avec les pouvoirs publics et des propositions élaborées par les fédérations Mahila Milan d’habitants de taudis.
L’Alliance tente de développer des solutions de logement pour les personnes en situation de pauvreté via :
- Des ressources internes, incluant des programmes de logement progressifs et des programmes de logement basés sur des crédits.
- Des partenariats publics, incluant des programmes de logements abordables mis en œuvre par les communautés, des organismes de logements sociaux et des projets en matière d’infrastructure.
Les activités relatives au logement sont réalisées dans le cadre du travail de l’Alliance et de ses partenaires, et incluent :
- Des programmes communautaires d’épargne et de crédit, pour augmenter les actifs financiers et renforcer les capacités locales.
- La réalisation d’enquêtes par les communautés qui serviront de base pour entamer des négociations et développer des stratégies.
- Des échanges par les pairs aux niveaux local, régional et national afin de permettre aux communautés, aux représentants des gouvernements et aux ONG de s’échanger leurs connaissances.
- Le soutien du dialogue et des négociations avec les autorités concernées afin de promouvoir des changements politiques en faveur des personnes en situation de pauvreté.
L’Alliance part du principe que des changements sont uniquement possibles si les communautés sont organisées, ce qui place les communautés au centre du développement et de la gestion des projets. Chaque communauté est encouragée à travailler de façon autonome : le travail de construction est réalisé par les résidents avec une implication minimale de la main-d’œuvre externe, afin de permettre aux communautés de participer aux programmes de logement des personnes en situation de pauvreté dans les zones urbaines. En outre, la responsabilité directe, l’engagement et les négociations des communautés garantissent un niveau de qualité et de transparence, réduisant les risques de corruption et d’exclusion.
Coûts
Les coûts de développement du projet ont été couverts par des fonds octroyés par différentes organisations telles que SPARC-SSNS (Samudaya Nirman Sahayak, une société à but non lucratif financée par la Sparc), SDI, CLIFF, DFID, SIDA, et Homeless International, entres autres.
Les différentes activités développées dans le cadre du projet ont été financées comme suit :
- Les dépenses principales, les dépenses liées au personnel et les dépenses liées à la construction : bailleurs internationaux/SPARC.
- Les dépensées liées au suivi de la communauté : NSDF/SDI/SSNS.
- Les crédits liés aux programmes pour les entreprises : RMK (Rashtriya Mahila Kosh, un fonds public indien pour les femmes), NSDF et des emprunts de Mahila Milan d’Odisha et de la Fédération nationale de Mahila Milan.
- Les partenariats avec le gouvernement pour les programmes de logement : tous les projets incluent une contribution des résidents et une contribution du gouvernement local et du gouvernement national. Le pourcentage de la contribution du gouvernement varie entre 50 et 90 pour cent des coûts, les résidents contribuant à hauteur de 10 à 50 pour cent.
- Les projets liés à l’infrastructure : 80 pour cent des coûts totaux du projet sont couverts par le gouvernement national (ministère de l’urbanisme), 10 pour cent sont couverts par le gouvernement national/régional, et 10 pour cent sont financés par UDRC/SSNS. Il y a en outre un fonds renouvelable de 10 pour cent (l’investissement initial des résidents), qui est réinvesti dans d’autres projets dès que les travaux sont terminés. Dans certains cas, comme les projets d’électricité et de drainage, une contribution d’agences internationales (DFID) est incluse.
- Les activités établissant des précédents pour les maisons modèles : des financements sont fournis par CLIFF, DFID et Sparc.
- L’Alliance finance les initiatives qui ne sont pas couvertes par d’autres programmes de financement, incluant des projets de logement progressifs et des projets de logement basés sur des crédits, qui sont également soutenus par des fédérations locales ou nationales et par des contributions des résidents.
Impact
- L’Alliance a mobilisé environ 10 000 membres dans la région, qui se sont organisés pour être partenaires au niveau du développement de solutions abordables et efficaces à leurs problèmes, en collaborant notamment avec les autorités.
- Après 15 ans de négociations, des processus participatifs sont à présent obligatoires pour les projets gouvernementaux. Un projet de loi sur les droits à la propriété et aux titres fonciers pour les habitants de taudis a été élaboré et doit être adopté par le gouvernement. Les habitants de taudis jouissent des droits basiques à des moyens de subsistance, à la terre et au logement, tant au niveau de l’État d’Odisha qu’au niveau national. Les projets d’accès aux propriétés foncières concernent à présent plus de 3 000 familles.
- L’Alliance a collaboré avec des fédérations locales pour les épargnes-logement. Le collectif des femmes de Mahila Milan octroie des fonds à plus de 5 000 familles pour l’amélioration de leurs logements, de leurs sanitaires, etc.
- En 2013, 60 maisons modèles avaient été construites, et quatre toilettes communautaires et 50 toilettes individuelles étaient en cours de construction. Environ 400 maisons étaient également en cours de construction, en partenariat avec des programmes publics nationaux de logement. Quatre bidonvilles ont été reliés au réseau d’eau – un a été relié au réseau d’assainissement et un autre a été relié au réseau de drainage. Pas moins de 80 000 familles ont été enquêtées.
Aspects innovants
- Le modèle d’alliance, avec des processus dirigés par les personnes, qui développe des solutions d’apprentissage et des pratiques.
- Avoir une mission, être décentralisé, être ascendant, développer un processus organisationnel dirigé par les femmes, et défier les schémas standards pour atteindre les personnes en bas de la pyramide, tout en utilisant des méthodologies reconnues pour le développement de la communauté.
- La lutte contre différents problèmes affectant les résidents de bidonvilles : l’accès aux services et à l’infrastructure, au logement, aux crédits, etc. Au niveau communautaire, il offre des options pour différents groupes de revenus.
- L’utilisation de maisons pilotes comme catalyseurs de différentes pratiques, en collaborant avec le gouvernement et des partenaires financiers. Il s’agit de maisons viables socialement, culturellement, économiquement et spatialement, de nombreuses maisons étant résistantes aux catastrophes naturelles.
- La cartographie communautaire via les technologies GPS/SIG, qui a été considérée comme une étude de cas positive pour d’autres États dans le cadre de programmes publics nationaux.
- Le processus de généralisation est ascendant, via des échanges communautaires et des dialogues entre les communautés et d’autres acteurs.
Quel est l’impact sur l’environnement ?
- Chaque communauté est encouragée à développer son propre « centre de construction », en utilisant les matériaux locaux et la main-d’œuvre locale. Les constructions impliquent la réutilisation et le recyclage de matériaux pour les revêtements de sols, etc. Lors des processus de construction, de la latérite est utilisée (et des briques de cendres volantes dans la mesure du possible), offrant plus de stabilité à la structure que la terre et étant plus écologique que l’utilisation de briques en terre cuite.
- Certains projets en matière d’infrastructure, qui sont actuellement en phase de généralisation, incluent des propositions de recharge des nappes phréatiques.
- Le travail sur les réseaux d’eau et les sanitaires vise à réduire la défécation en plein air, engendrant des avantages pour la santé et l’environnement.
Le projet est-il viable sur le plan financier ?
- Le financement provient d’une combinaison de prêts et de subventions, incluant des fonds publics et des fonds de partenaires de l’Alliance. Le mécanisme de financement dépend de l’aide des communautés et des ONG, soutenu par les communautés via des programmes d’épargne avec l’aide des ONG. Le mécanisme communautaire est déjà en place, et évolue de façon à impliquer davantage de partenaires et d’acteurs.
- L’initiative a un impact sur la prospérité de la communauté en encourageant des économies quotidiennes et en augmentant les actifs financiers. En outre, Mahila Milan octroie des prêts pour démarrer des entreprises et des activités entrepreneuriales pour les familles dont les membres sont au chômage et luttent pour rembourser leurs emprunts.
- La construction de ces logements nécessite peu de main-d’œuvre qualifiée, et les résidents travaillent également pour d’autres communautés similaires. En construisant des maisons plus solides, les frais de réparation sont réduits, permettant l’utilisation de ces ressources à d’autres fins et fournissant une protection aux résidents.
- En plus de réduire les coûts de main-d’œuvre, des pratiques alternatives sont utilisées pour réduire les coûts des logements. Celles-ci incluent des escaliers communs et des murs mitoyens entre les maisons, des portes en forme d’arc et des fenêtres au lieu des charpentes en béton/bois ou linteaux ; des charpentes en ciment pour réduire le coût de l’acier et du bois, etc. Le coût moyen d’une maison modèle est d’environ 2000 dollars, soit nettement moins qu’une maison traditionnelle fournie par les programmes publics (environ 3000 dollars par maison).
Quel est son impact social ?
- L’Alliance tente de renforcer les capacités des résidents en matière de logement, de terrain, de sanitaires et d’équipements basiques. Les initiatives de logement sont considérées comme des moyens de mobilisation. L’initiative place l’accent sur des projets dirigés par les résidents, en poussant les technocrates à collaborer avec la communauté pour la construction de logements selon les choix des résidents. Par ailleurs, des partenariats avec des structures officielles comme les gouvernements régionaux et nationaux ont été développés. Il y a un niveau élevé de confiance parmi les membres, dont les opinions sont prises en compte lors de la recherche de solutions adéquates et lors de l’amélioration des conditions de vie. Ces partenariats impliquent que des entrepreneurs qui avaient précédemment rejeté ce type de travail sont maintenant impliqués dans le projet.
- L’approche tente d’encourager le développement de solutions innovantes localisées et alternatives, apprenant via des échanges, des dialogues communautaires et des mécanismes de mobilisation à créer un capital social et technique sous la forme de centres communautaires de ressources et de construction axés sur les femmes. Elle vise également à établir des relations de confiance et lutter contre les relations de pouvoir inégales entre les organismes officiels et officieux (par exemple entre l’État, les ONG et les bidonvilles), en plaçant l’accent sur le respect mutuel et l’égalité.
- Le renforcement des capacités des personnes en situation de pauvreté est réalisé dans différents domaines (finances, information, organisation, négociation, planification et mise en œuvre), afin de permettre à ces personnes de diriger le processus. Des centres locaux de ressources ont été créés et servent de lieux de réunion et de base pour les activités communautaires.
- L’Alliance travaille en tant qu’agence chargée des enquêtes municipales des pauvres des régions urbaines, de la planification municipale et de la cartographie de la communauté, 70 pour cent du travail étant réalisé par les habitants des bidonvilles.
- La stratégie se base d’abord sur les personnes les plus pauvres, réduisant ainsi le fossé social. La participation des femmes est essentielle : 90 pour cent des membres de la fédération Mahila Milan et de l’UDRC sont des femmes, qui sont le moteur de ce processus.
Obstacles
- Les retards bureaucratiques et d’autres formes de pression sont gérés via un dialogue entre les communautés et d’autres acteurs de façon totalement transparente.
- Le statut des terrains est complexe et les terrains sont rares : il s’agit d’un obstacle majeur pour la mise en œuvre et le transfert des projets. Les négociations relatives au projet de loi sur les droits à la propriété et les méthodes alternatives de construction visent à réduire ce problème.
- L’intégrité des dirigeants communautaires, et le risque qu’ils soient cooptés par d’autres groupes d’intérêt, représente une menace pour la durabilité du processus. L’accent est dès lors placé sur des structures dirigeantes plutôt que sur le leadership personnel, et sur la création de mécanismes où les dirigeants sont directement responsables devant leurs communautés.
- Le manque de crédits pour l’amélioration des conditions de vie des personnes dans le besoin. Les partenaires de l’Alliance jouent le rôle d’intermédiaires entre les communautés et les marchés financiers, fournissant des mécanismes pour servir ces secteurs et faciliter l’accès aux crédits.
- Les sources d’énergie écologiques et durables sont généralement des sources à forte intensité de capital et dès lors inabordables pour ces secteurs. Des options renouvelables pour la cuisine et l’électricité doivent être analysées, en considérant les subventions comme une option.
Leçons retenues
- Les projets urbains pour les personnes en situation de pauvreté sont complexes, et doivent être abordés selon une perspective socio-politique et non technique.
- Il n’existe pas de programme standard offrant des solutions universelles : le projet vise à développer des options pour les différents besoins des différents groupes.
- Un partenariat continu avec le gouvernement et d’autres acteurs officiels est nécessaire pour renforcer les capacités des personnes, en se détachant de la mise en œuvre traditionnelle des projets pour se diriger vers la promotion de processus axés sur les personnes.
- Le microfinancement pour les familles très pauvres ne fonctionne pas bien dans les projets de logement, car les familles concernées s’endettent et les terrains sont hypothéqués à des créanciers.
- Le leadership communautaire et dominé par les femmes est essentiel pour les négociations et pour s’assurer que les projets respectent les intérêts de la communauté.
- Les logements modèles coûtent moins que les logements sociaux et, bien qu’efficaces, nécessitent davantage d’investissement car ce modèle analyse les capacités financières des familles et la contribution de leur main-d’œuvre.
Évaluation
Le suivi et l’évaluation se déroulent à quatre niveaux : 1) les comités communautaires ; 2) une équipe de suivi ; 3) une évaluation régulière des organismes urbains locaux et des sociétés sur les progrès, dépenses, matériaux et la gestion de la main-d’œuvre ; 4) le gouvernement national, une équipe d’audit réalisant une évaluation avec les communautés tous les quatre à six mois.
Transfert
- Les processus ascendants sont au cœur du travail de l’Alliance à Odisha. Soixante maisons modèles ont été construites et l’approche est actuellement étendue pour atteindre 400 familles en collaboration avec des programmes publics de logement. Cinq mille familles bénéficient de prêts de Mahila Milan.
- La fédération régionale a étendu sa base aux États voisins et 60 villes sont à présent sous l’égide de Mahila Milan.
- L’Alliance indienne est une des pionnières dans l’établissement d’échanges horizontaux. Pendant les cinq dernières années, elle a dirigé des programmes d’échange, près de six fois par an, entre le gouvernement, les communautés et les membres de la fédération dans différents États.
- Le projet a reçu la visite d’autres communautés et d’autorités publiques.
- La cartographie communautaire via des nouvelles technologies est une étude de cas intéressante pour d’autres États dans le cadre de programmes publics nationaux.
- Les activités de l’Alliance sont souvent présentées comme des études de cas.