Description du projet
Le projet des Quartiers interculturels a été développé dans une zone d’environ 400 hectares connue sous le nom de Parcelle 27. Elle est située à trois kilomètres du centre-ville de San Martin de los Andes en Argentine. Les propriétaires des terres étaient la communauté mapuche indigène mais les terres avaient été occupées par l’armée argentine. La communauté mapuche a formulé une proposition pour la restitution de ses terres en 2004. Ses efforts ont été récompensés en 2011 lorsqu’une loi a été adoptée par le Gouvernement national, rendant la propriété des terres à la communauté mapuche (Loi nationale 26.725).
Le partenariat entre la communauté mapuche et Vecinos Sin Techo s’est concentré sur le développement d’une réponse conjointe à la crise du logement, en planifiant et en encourageant le développement de législations et de ressources qui soutiennent l’urbanisation de la région.
Le projet écologiquement durable des Quartiers interculturels est une approche destinée à fournir une vie communautaire décente et pacifique. Elle est passé par différentes étapes afin d’atteindre cet objectif :
- Reconnaître le droit ancestral de la communauté aux territoires et respecter la diversité culturelle et environnementale ;
- Mettre en œuvre l’urbanisation des terres communautaires ;
- Encourager la durabilité en matière de production, utilisation et gestion alimentaire et énergétique, via des technologies appropriées.Des 400 hectares, près de 300 sont utilisés par la communauté mapuche et 110 sont répartis comme suit : 77 pour les Quartiers interculturels et 33 pour l’autorité locale.Depuis 2014, 56 maisons ont été construites et 100 autres sont en cours de construction. Environ 200 locaux se sont vus attribuer les 56 premières maisons, dont 20 sont à présent habitées, et des logements sont prévus pour 1.000 autres personnes qui vivent dans le quartier.
D’ici la fin 2017, 156 maisons seront terminées et la structure de formation et de gestion sera en place pour construire un total de 250 maisons d’ici la fin de la 1ère étape. La deuxième étape n’a pas encore été programmée.
Objectifs
L’objectif du projet est de développer de meilleures conditions politiques, juridiques et sociales qui garantissent le droit des locaux à l’accès aux terres et au logement, de garantir le respect de la diversité culturelle et de développer différentes approches qui respectent l’environnement.
L’accent est placé sur le développement de logements et d’une vie communautaire interculturelle entre la communauté mapuche indigène et les communautés créoles en situation de pauvreté qui sont exclues du marché du logement. Le projet vise à développer un modèle de développement local et régional qui promeut la paix. Cette promotion de la paix est une réponse à la relation entre l’État et les communautés indigènes, qui était historiquement basée sur la domination et le déni de l’identité de ces communautés.
Le projet veut permettre l’accès à des logements décents pour les communautés marginalisées et la classe ouvrière de la ville, incapables d’accéder à la propriété. Pour ce faire, il place l’accent sur :
- La restitution de la Parcelle 27 à la communauté mapuche, ce qui a été réalisé par la reconnaissance historique du droit légitime de cette communauté indigène à ses terres ancestrales. Ces terres étaient utilisées par l’armée argentine depuis 130 ans.
- La construction d’habitats décents pour 250 familles via la création des Quartiers interculturels. Ces quartiers devraient promouvoir un développement socialement et écologiquement durable en fournissant un accès à des logements décents grâce à l’entraide, des efforts individuels et le développement de relations interculturelles.Le projet des Quartiers interculturels est développé en tant que projet pilote global et durable. L’objectif de sa conception participative est l’intégration des éléments suivants : quartier, logements, technologies appropriées, économie sociale, santé, éducation et culture.
Le recensement de 2004 réalisé par Vecinos Sin Techo a démontré qu’il y avait 2.500 familles nécessitant des logements dans la région. En termes de nombre de personnes impliquées, 250 familles participent directement au projet des Quartiers interculturels en tant que résidents actuels ou futurs. Quelques 750 autres familles se sont inscrites pour la deuxième phase.
Contexte
Quatre communautés de la nation mapuche vivent dans la ville de San Martin de los Andes. Les Mapuches sont les habitants originaux et vivent en Patagonie depuis des milliers d’années.
Le territoire où est situé le projet a été confisqué à la fin du 19e siècle par les États argentins et chiliens dans le cadre de leurs compagnes militaires respectives. Depuis lors, les droits de la communauté mapuche ont été bafoués.
Le marché du logement actuel a engendré une situation où 20% de la population locale n’a pas accès à la propriété, et les locataires sont confrontés à des prix élevés. De nombreuses personnes partagent leurs maisons avec d’autres familles, vivent dans des logements précaires ou dans des situations de surpopulation, ce qui porte préjudice à la vie familiale.
Les politiques publiques de logement compliquent l’accès des communautés à des terrains de bonne qualité. Les terrains de meilleure qualité sont destinés au marché traditionnel du logement, alors que les terrains de moins bonne qualité sont destinés aux logements sociaux. La communauté mapuche estime que cette situation a engendré une hausse du nombre de personnes vivant dans des quartiers informels dans des zones à risque, menacées d’inondations et de glissements de terrain.
Le recensement réalisé par Vecinos Sin Techo en 2004 a démontré que 20% de la population nécessitait des logements, et cela a obligé l’autorité locale à faire sa première déclaration d’une urgence dans le domaine du logement. Cela a engendré une hausse de l’allocation des ressources pour le logement ainsi que le développement de plans d’intervention d’urgence via une approche basée sur les droits, ce qui a permis de fournir de nombreux logements en peu de temps.
Principales caractéristiques
Ce programme communautaire a adopté tant une approche autocentrée qu’une approche tournée vers l’extérieur :
Stratégies et principes organisationnels :
L’organisation du groupe suit des principes démocratiques et participatifs avec des réunions hebdomadaires. Des assemblées se tiennent dans des espaces où toutes les actions de l’organisation sont partagées et où les principales stratégies sont définies et adoptées.
Vecinos Sin Techo est composé d’un Conseil d’administration et de membres, mais il n’y a pas d’hiérarchie car la structure est horizontale et les décisions sont prises par consensus.
L’organisation reconnaît les droits territoriaux de la communauté mapuche et son combat pour répondre aux besoins de logements décents est partagé par l’ensemble de la communauté.
En développant une approche de consensus et en définissant des personnes clés dans la communauté, le programme a pu influencer les politiques publiques de logement de façon à réellement impliquer les locaux. Les communautés ont été impliquées dans la conception et dans la construction des logements et des autres infrastructures dans le quartier, comme une salle de séminaire et une salle communautaire, une serre, un potager, etc.
Un groupe communautaire a été mis en place afin d’aborder les questions de durabilité. Le groupe propose différentes options pour la construction d’habitats, via le développement d’une entreprise sociale (soutenue par et avec l’implication des commerces, du gouvernement et de chercheurs). L’alliance la plus importante concerne la classe ouvrière et ses organisations, et le processus a déjà facilité la construction de logements et d’infrastructures, ainsi que la création de différentes entreprises coopératives dans les domaines de la construction, de l’alimentation, de la culture, de la santé, de l’interculturalisme, de l’éducation et de la fourniture d’eau et d’électricité.
Un projet interculturel de santé a été développé par une équipe interdisciplinaire qui englobe trois professionnels du système de la santé publique, des résidents mapuches avec des connaissances en médecine traditionnelle et des organisations comme le Réseau Jarilla, qui travaille sur des plantes qui améliorent la santé. Ce projet promeut des réflexions sur la santé qui ne placent pas l’accent uniquement sur la guérison mais également sur la promotion de la santé : alimentation saine, produits (comme des savons), grossesse, accouchement, etc.
Stratégies externes pour des changements systémiques :
Vecinos Sin Techo possède également une stratégie externe qui vise à faire de l’organisation un acteur clé dans les discussions avec les institutions publiques et financières en vue de modifier les politiques dans le domaine de l’habitat. Cela a été réalisé en développant des alliances et en plaçant l’accent sur la sensibilisation, la négociation et la participation avec la communauté mapuche, l’autorité locale, l’État fédéral, les universités et d’autres organisations sociales.
L’organisation a prévu des espaces pour les débats publics, le renforcement des capacités et les négociations avec les autorités publiques. Des campagnes générales de sensibilisation ont été développées via des séminaires, des activités dans les médias, des événements culturels et universitaires, des ateliers, des articles scientifiques et d’autres méthodes participatives en vue de modifier la perception du problème et de trouver des solutions.
Les relations avec les différents gouvernements municipaux, provinciaux et nationaux varient selon le parti politique au pouvoir, mais le projet des Quartiers interculturels est déjà une force politique en soi et est reconnu par l’autorité locale et au niveau national.
Le programme travaille avec plusieurs organisations partenaires, contribuant chacune dans leur domaine d’expertise :
- La confédération mapuche de la province de Neuquén (récupération des territoires).
- La communauté mapuche (membre fondateur du projet).
- Réseau Jarilla sur les plantes saines de Patagonie (connaissances dans le domaine de la santé).
- Radio communautaire FM Pocahullo (diffusion).
- Propatagonia CSO (renforcement des capacités et aide technique).
- Mouvement des locataires et des squatters (collaboration en matière de gestion interne, gestion intersectorielle, autogestion, etc.).
- Confédération populaire des travailleurs (diffusion, alliance politique stratégique et renforcement des capacités).
- Coopérative andéenne d’apiculture (aide technique et renforcement des capacités) et Coopérative Estefani (matériaux de construction).
- Membres de la Coalition internationale de l’Habitat, participation dans la production sociale du Groupe Habitat (échanges stratégiques, alliances et coopération internationale pour la gestion et la visibilité du projet).
Institutions gouvernementales :
- Chambre des députés de la Nation argentine (adoption de la législation sur la restitution des territoires).
- Exécutif national (financement du programme).
- Institut national des technologies industrielles (renforcement des capacités et collaboration technique).
- École provinciale de l’Éducation technique N°21 (aide technique, alliance politique stratégique).
- École d’Architecture à l’Université nationale de La Plata (projets de proximité, aide technique).
- Université nationale de Comahue (projet de proximité et de coopération).
- Université nationale de Cordoba (projet de collaboration pour une aide technique).
- Institut provincial de la biologie aquatique (aide technique).
- Institut national de l’Agriculture et des Techniques agricoles (aide technique).
Quel est son impact ?
Le travail de sensibilisation de Vecinos Sin Techo a eu un impact direct sur les politiques de différentes façons :
- Développement d’un registre unique pour les demandes de logement, qui est un registre officiel des besoins de logement dans la région de l’autorité locale. Le fait d’en savoir plus sur les besoins de logement des locaux a permis d’améliorer les politiques locales de logement.
- Création de l’Institut national du Logement et de l’Habitat avec une équipe de Vecinos Sin Techo. L’Institut est une équipe spéciale au sein de l’autorité locale qui est en charge des politiques de logement. Il travaille en étroite collaboration avec Vecinos Sin Techo.
- Le travail de sensibilisation de Vecinos Sin Techo et sa collaboration avec l’Institut du Logement et de l’Habitat ont engendré le développement de plans d’acquisitions de logements et de terrains ; des critères basés sur la participation et des mécanismes transparents pour l’allocation des logements ; des règlements pour l’autogestion et les constructions en pisé.
- Le développement d’un système d’allocation des logements basé sur des critères participatifs a mis un terme aux allocations sélectives qui favorisaient les personnes qui étaient proches du gouvernement. Depuis 2005, les succès incluent :
- 50 nouvelles maisons construites dans le cadre du programme sur les logements les plus urgents (logements sociaux).
- Réinstallation de 26 familles vivant dans des régions à risque vers des régions plu sûres.
- 200 nouvelles maisons fournies entre 2007 et 2011 (logements sociaux).
- 120 maisons construites entre 2008 et 2010 (logements sociaux).
- Le projet des Quartiers interculturels est un exemple durable de solution à des problèmes importants de logement et démontre la façon dont l’accès d’une communauté à des terres peut fournir des solutions de logement à des communautés à bas revenus.
Grâce à ses réseaux et sa diffusion, le programme peut servir d’exemple de bonne pratique au niveau local, régional et national ainsi que dans l’ensemble de l’Amérique latine.
Comment est-il financé ?
Les ressources publiques suivantes ont été obtenues par Vecinos Sin Techo ou via des partenariats stratégiques[1]:
- 2010 : 48.000 Pesos argentins (3.000 dollars) en équipement – Ministère du Développement social.
- 2011-12 : Équipe technique interdisciplinaire, design des Quartiers interculturels, 980.000 ARS (65.000 USD), Ministère de l’Économie.
- 2012 : Alimentation et agriculture, serres, outils, irrigation et panneaux solaires, 55.000 (4.000 USD), Ministère du Développement social
- 2013-14 : Prix au Concours provincial III pour des projets sociaux 2013, Toilettes sèches séparées, poêles russes et SARA, 30.000 ARS (2.000 USD), Province de Neuquén.
- 2014-15 : Infrastructure et machines pour la menuiserie (bois et métal), 500.000 ARS (33.000 USD), Ministère du Travail.
- 2014-16 : « 56 maisons », 17 millions ARS (1,1 million USD) + 4 millions ARS (264.000 USD), Programme fédéral pour les communautés indigènes et rurales, Sous-secrétaire du Logement, Ministère de la Planification et des Travaux publics.
- 2015-16 : « 100 maisons et l’infrastructure », 60 millions ARS (4 millions USD), Programme fédéral pour les communautés indigènes et rurales, Sous-secrétaire du Logement, Ministère de l’Intérieur.
- 2016 : Poêles SARA, 70.000 ARS (5.000 US), Ministère des Sciences et des Technologies.
- 2016 : Équipe technique interdisciplinaire, Projets d’aménagement urbain, 834.000 ARS (55.000 USD), Ministère de l’Intérieur.
Les coûts cumulés de la 1ère phase s’élèvent à 23 millions de Pesos argentins (1,5 million de dollars).
Les coûts annuels de fonctionnement du projet ont été financés par les subventions mentionnées ci-dessus.
Un processus progressif et évolutif d’autogestion et de développement global est planifié et mis en œuvre. L’organisation s’attend à continuer de gérer les ressources publiques auxquelles elle a droit, et souhaite en même temps pouvoir avancer en périodes de difficulté politique grâce au développement de l’économie sociale et de projets d’autoconstructions et d’entraide.
Depuis sa création en 2004, Vecinos Sin Techo a couvert ses coûts en organisant des événements de collecte de fonds, et depuis son passage officiel en organisation à but non lucratif en 2008, elle reçoit une contribution monétaire symbolique de ses membres qui va de 2 à 10 Pesos argentins (1 à 2 dollars).
Depuis la fin 2015, Vecinos Sin Techo a collecté des contributions mensuelles de 100 ARS (7 USD) par famille, générant des revenus d’environ 12.000 ARS (800 USD) par mois, qui sont utilisés pour acheter du matériel pour l’infrastructure communautaire des Quartiers interculturels, ainsi que pour couvrir les coûts de fonctionnement de l’organisation. Ces coûts de fonctionnement s’élèvent à 50.000 ARS (3.000 USD) par an depuis deux ans mais sont passés à environ 100.000 ARS (7.000 USD) par an à cause de la hausse des coûts et de l’inflation.
Les 56 premières maisons ont coûté en moyenne 360.000 ARS (24.000 dollars), alors que dans le plan de construction actuel, elles sont estimées à 500.000 Pesos argentins (33.000 dollars). Toutefois, un projet public de développement de logements sociaux à proximité a établi un budget d’1 million de Pesos argentins (66.000 dollars) par maison. Cela reflète l’impact de l’inflation et la nécessité d’ajuster les prévisions et les subventions en fonction de cette inflation.
[1] Le taux de change entre le Peso argentin et le dollar américain a fortement varié entre 2010 USD $1 = ARS 3.9) et 2016 (USD $1 = ARS 15+); les chiffres en dollars mentionnés ci-dessus reflètent le taux de change de l’année en question
Aspects innovants
Le projet des Quartiers interculturels offre une vision globale de l’habitat et de la vie en communauté, établissant des échanges culturels entre la communauté mapuche indigène et les communautés de la classe ouvrière. Cela permet non seulement de contribuer à la restitution des territoires et des droits mais présente également une opportunité pour une vie en communauté décente et pacifique pour les générations futures dans une communauté qui ne présente aucun risque de spéculation foncière.
En plus d’être un projet de logement accessible, ces quartiers sont des lieux productifs avec des projets agricoles soutenant la sécurité alimentaire et des programmes promouvant l’utilisation d’énergies renouvelables et le développement d’activités récréatives pour les résidents et la communauté en general.
Quel est son impact sur l’environnement ?
Le programme est spécifiquement conçu pour respecter l’environnement et ne peut urbaniser plus de la moitié des terres. Il a été convenu de ne pas couper d’arbres pour les travaux de construction, et le projet accorde de la valeur aux espèces indigènes pour leur utilisation dans la médecine naturelle, en tant que source de nourriture et en tant que partie de l’identité de la région.
Une enquête environnementale réalisée auprès des populations mapuches et non-mapuches ont souligné les différentes façons dont les cultures interagissent avec la nature, ainsi que leur influence importante sur la conception des logements, notamment au niveau de l’orientation des maisons, de l’isolation des murs et des joints, de l’éclairage écologique, de la réutilisation des eaux grises, des systèmes d’absorption des eaux noires, des systèmes de gestion des déchets, de la production de compost, etc.).
Des constructions utilisant le pisé et des toits végétaux ont été ajoutées aux systèmes traditionnels de construction, créant un précédent au niveau de l’utilisation de fonds publics pour des logements sociaux.
Le bois de chauffage étant la principale source de chauffage dans la région, le projet a cherché à développer un poêle très performant accessible à toutes les familles, qui a été construit en pisé et qui optimise l’utilisation du bois de chauffage. D’autres développements utilisant des matériaux alternatifs et des technologies écologiques ont inclus des toilettes sèches, des capteurs solaires et l’énergie hydroélectrique, qui sont actuellement développés dans un cours d’énergie renouvelable à l’Institut national des Technologies industrielles et à l’École provinciale de l’apprentissage technique.
Dans le cadre de la conception des quartiers, les routes pour les véhicules ont été réduites au maximum afin de placer l’accent sur les pistes cyclables et les trottoirs pour les piétons.
Des espaces de réunions communautaires ont été définis, et un site de cérémonie rituelle mapuche a été prévu.
La production alimentaire et agricole est biologique, évitant l’utilisation de produits agrochimiques. La première récolte de miel a été réalisée avec la Coopérative d’apiculture et il est prévu d’agrandir le rucher et sa production année après année.
Quel est l’impact social du projet?
Le projet se base sur le respect de l’identité culturelle mapuche. Dès lors, il :
- promeut l’égalité des droits ;
- offre une solution innovante et complète d’habitat sur des terrains idéalement situés et à valeur élevée ;
- restaure la dignité des personnes impliquées dans le projet ;
- contribue à l’harmonie sociale et à la paix dans la ville ;
- développe un processus d’identité collective et de respect mutuel grâce à des activités interculturelles.Le projet implique tant Vecinos Sin Techo que la communauté mapuche en vue de célébrer les différences culturelles et la vie en communauté. L’autorité locale a révisé sa charte et s’est autoproclamée « Municipalité interculturelle », avec le drapeau mapuche qui flotte sur la principale place de la ville. Le projet des Quartiers interculturels a joué un rôle essentiel dans le changement d’attitude au sein des communautés et des institutions publiques.Les Quartiers interculturels sont situés juste à côté des quartiers les plus chers de la ville. Le projet a réussi à construire des logements de qualité, ce qui a surpris ceux qui s’attendaient à voir des « logements sociaux typiques », et a réussi à promouvoir le « droit à la beauté au niveau du design ». Les logements sociaux traditionnels sont uniformes, petits et souvent inadéquats pour les résidents. Le design des logements de ce projet est le résultat de la contribution des résidents et reflète une diversité de choix. Les maisons sont assez spacieuses et répondent aux besoins des résidents.
Le modèle participatif adopté tout au long du projet facilite le développement urbain et propose une approche globale en matière d’habitat qui n’existait pas dans les politiques publiques.
Viabilité financière
Le programme se repose sur des fonds publics du gouvernement local et du gouvernement fédéral afin de soutenir la construction des logements. Toutefois, il se rapproche d’un modèle d’économie sociale qui vise à générer des revenus grâce à différentes activités.
Tous les membres de Vecinos Sin Techo (que ce soit des résidents des Quartiers interculturels ou non) paient une contribution mensuelle, à savoir 100 Pesos argentins (7 dollars) par mois. Les résidents et les membres réalisent un travail communautaire et participent aux assemblées, même s’ils paient uniquement la contribution s’ils deviennent membres de Vecinos Sin Techo. Il n’existe pas de mécanisme spécifique pour organiser le travail mais l’allocation des logements se fait lors des assemblées et la priorité est accordée aux membres les plus actifs.
Le programme cherche à développer une démarche d’entreprise sociale en matière de sécurité alimentaire et d’efficacité énergétique au sein de la communauté dans le cadre d’une approche collaborative visant à générer des revenus et promouvoir la durabilité.
Obstacles
Les campagnes de sensibilisation sur le programme et la volonté de la communauté d’être impliquée ont rencontré différents obstacles liés au fait que les politiques de logement se basaient sur une mentalité de dons et que les familles avaient une large gamme de besoins.
Pour surmonter ces obstacles, un processus participatif d’évaluation a été mis en œuvre, montrant aux familles les effets négatifs de l’approche des dons et aidant ces familles à mieux comprendre l’importance de l’entraide et de la collaboration pour promouvoir leur droit à la ville et au logement adéquat.
Un autre aspect essentiel est le passage culturel d’un mode de pensée individuel à une mentalité collective basée sur l’interdépendance et la participation active. Cela s’est fait via l’entraide dans le domaine de la construction, la prise de risques, l’apprentissage des erreurs et le réglage des conflits en travaillant avec d’autres organisations dans les domaines des coopératives, de l’environnement, etc.
Leçons retenues
Une des principales leçons retenues est que les organisations autogérées peuvent permettre aux personnes de mieux comprendre le problème du logement en utilisant une approche globale et systémique. Tout est lié et il n’y a pas qu’un problème de logement mais également un problème avec le développement de la société qui a un impact sur le logement et d’autres aspects de la vie.
Le suivi administratif et technique de la construction des 56 premières maisons, réalisé par les coopératives, a engendré la mise en place de modifications et d’améliorations afin de faciliter la construction des maisons suivantes.
Évaluation
L’organisation utilise des processus participatifs d’évaluation comme des pilotes de logements sociaux, des promenades urbaines et des séminaires, l’évaluation des technologies écologiques et un processus de suivi et d’évaluation plus formel qui est systématiquement réalisé dans les groupes de l’organisation et lors d’une table ronde politique.
Un autre domaine d’évaluation est la construction, où sont analysés les progrès, la productivité, l’approvisionnement et les méthodes organisationnelles.
Actuellement, un processus d’évaluation externe pour le logement et l’habitat a débuté en collaboration avec l’Université nationale de Cordoba.
Reconnaissance
Le projet a été présenté lors de congrès nationaux et internationaux. Il fait partie de projets universitaires et d’études de cas pour des masters et des doctorats. Il a été diffusé en Bolivie, au Pérou, au Mexique, au Costa Rica et en Argentine.
Il a été invité à participer au Groupe de travail sur la production sociale de l’habitat coordonné par la Coalition international de l’Habitat en Amérique latine (HIC-AL), décrochant un prix international octroyé par URBAMONDE (ONG suisse).
Il a accueilli des scientifiques, politiciens, étudiants, syndicats et autres intéressés par l’approche sociopolitique et interculturelle, le défi de la propriété collective et la suffisance énergétique et alimentaire.
Un documentaire est actuellement filmé grâce à des fonds de l’Institut national du Cinéma et des Arts audiovisuels(INCAA).
Via la Coalition internationale de l’Habitat, Vecinos sin Techo travaille sur la sensibilisation du public sur le programme des Quartiers interculturels en tant qu’expérience globale et innovante au niveau de la production sociale de l’habitat.
Transfert
L’approche à long terme du projet est de trouver collectivement des solutions pour promouvoir une vie en communauté pacifique et durable. L’approche est dès lors ouverte, innovante et évolutive
On peut dire qu’au niveau local, le projet et/ou ses aspects méthodologiques et techniques ont eu un impact sur ou ont été adoptés par différents acteurs (autorité locale, organisations sociales, familles nécessitant des logements, institutions scolaires, promoteurs privés, etc.).
Au niveau régional, il y a eu des échanges avec des organisations de la Patagonie du Nord et d’autres communautés mapuches qui sont intéressées par le transfert de l’ensemble du projet ou d’éléments spécifiques de celui-ci.
Au niveau national, l’ancienne Présidente Cristina Kirchner a déclaré dans un discours que ce projet était une alternative durable pouvant être utilisée dans 900 autres cas de restitution de terrains à des communautés indigènes. Le projet a reçu la visite du nouveau gouvernement national et espère devenir une alternative à grande échelle afin de reproduite ce type d’approche dans le domaine du logement social.
L’expérience est actuellement diffusée dans la région via le rôle de Vecinos sin Techo dans l’Office régional du logement de la Fédération des Travailleurs de l’économie solidaire. L’expérience des constructions naturelles est promue via des séminaires locaux. Vecinos sin Techo est la référence des poêles SARA, organisant des activités de renforcement des compétences et des campagnes promotionnelles dans des régions urbaines et rurales du Nord de la Patagonie. Le poêle SARA, développé par le secteur public, a été transféré par Vecinos sin Techo en collaboration avec des organismes publics impliqués dans l’éducation, la santé et le développement social, pour les populations urbaines et rurales du Nord de la Patagonie.
La loi 26.725 sert de précédent pour le droit à la terre réclamé par les communautés à bas revenus et les communautés indigenes.