Le programme « Build Together » de la Namibie vise à satisfaire des besoins de logement à grande échelle via une approche innovante en matière de fourniture de logements. Il a été développé en 1992 et avait en 1995 aidé 3.322 familles à bas et moyens revenus qui n’avaient pas accès à des crédits formels de logement. Ce programme est une tentative audacieuse du gouvernement de démontrer qu’il est possible de mettre en œuvre une politique habilitante. Il est considéré comme un mouvement du peuple, soutenu activement par le gouvernement. Il permet de proposer des logements à des coûts bien inférieurs que s’ils avaient été construits par le gouvernement seul.
La République de Namibie a obtenu officiellement son indépendance en mars 1990 après des années de domination de différentes puissances extérieures. Cette nation est marquée par de nombreuses disparités. Le PIB par habitant de 1.188 dollars pourrait définir la Namibie comme un pays aisé à revenus moyens, mais 70 pour cent de la richesse de la nation est partagée entre les six pour cent d’habitants blancs. Les disparités en matière de logement sont particulièrement prononcées car les logements ont été utilisés en tant qu’outils pour appliquer l’apartheid par les précédentes administrations du pays. Toutes les villes de la Namibie se caractérisent par des quartiers mixtes, avec une partie assez moderne et bien entretenue pour la minorité plus aisée et une partie mal entretenue et marquée par des taudis pour la majorité plus pauvre. Un autre héritage de l’apartheid est le surpeuplement de certains quartiers qui englobent des logements très précaires qui logeaient auparavant des travailleurs recrutés à la campagne.
Sans surprise, les hébergements et les établissements humains ont été définis comme une des quatre grandes priorités du nouveau gouvernement du pays, avec l’agriculture, la santé et l’éducation. Une politique nationale du logement avait été ratifiée par le gouvernement en juillet 1991. Le programme « Build Together » s’inscrit dans le cadre de cette politique et est une tentative audacieuse du gouvernement de démontrer qu’il est possible de mettre en œuvre une politique habilitante. En promouvant le logement par le peuple, les ressources potentielles des locaux, leurs compétences et leur ingénuité peuvent être mobilisés pour compléter les ressources fournies par l’Etat. Le programme veut impliquer tous les secteurs dans le domaine du logement, à savoir le gouvernement, les familles, les communautés, les organisations non-gouvernementales, les organisations communautaires et le secteur privé. Il est considéré comme un mouvement du peuple, soutenu activement par le gouvernement, et démontre que le peuple peut construire des logements meilleurs et moins chers que les autorités et qu’il peut être fier de ses exploits.
Le programme « Build Together » a débuté en 1992. Durant ses trois années de mise en œuvre, il a aidé 3.322 familles dans 60 sites répartis dans les 13 régions du pays. Ces 3.322 bénéficiaires ont bénéficié d’emprunts pour réaliser les travaux nécessaires. Tous les logements ne sont pas encore terminés.
Le programme veut permettre à 70 pour cent des ménages de la Namibie à accéder à des logements d’adéquats d’ici l’année 2000. Pour ce faire, des crédits abordables sont proposés pour satisfaire une large gamme de besoins. Ces besoins incluent l’achat d’une parcelle de terrain viabilisée, l’achat d’une parcelle avec un crédit pour construire une maison, la fourniture de toitures, la rénovation de logements existants, des crédits de logement pour des groupes d’épargne ou l’achat communautaire d’un site partiellement viabilisé. Les coûts des différentes options sont clairement présentés aux bénéficiaires. Un manuel a également été rédigé sur le processus détaillé de construction. Tous les logements peuvent être agrandis ou améliorés par la suite, lorsque les ressources le permettent.
Bien que le programme « Build Together » ait réussi à satisfaire les besoins de logement des ménages à très bas revenus à un niveau abordable, il ne peut dépendre de fonds publics à long terme s’il veut être durable. Il est dès lors prévu de créer un fonds renouvelable dans chacune des 13 régions du pays. En supposant que les niveaux prévus de financement sont maintenus pendant neuf ans et que les taux actuels de recouvrement de 80 pour cent sont maintenus, ces fonds régionaux pourraient être renouvelables et autofinancés.
Il y a eu un degré élevé de participation de femmes dans le programme, avec plus de 45 pour cent des bénéficiaires qui sont des ménages dirigés par des femmes. Ces femmes sont des productrices économiques en plus d’être des mères. Elles sont les créatrices de leurs hébergements et les protectrices de leurs familles, mais ont rencontré par le passé de nombreux problèmes relatifs à leurs droits à la terre et à l’hébergement. Le programme veut encourager davantage de femmes à participer, en leur permettant d’apprendre de nouvelles compétences en matière de construction et de participer à l’ensemble du processus. Elles seront en outre encouragées à créer des groupes d’épargne et de crédit en vue de satisfaire leurs besoins réguliers de crédits et d’améliorer leurs logements.
Une caractéristique essentielle du programme est la création de Groupes de développement de logements communautaires (CHDG) dans chaque région. Le rôle de ces groupes est d’identifier les communautés et familles qui ont besoin de logements ou d’améliorer leurs logements dans leur région. Ils doivent également consulter ces communautés et familles pour savoir comment elles souhaitent résoudre leurs problèmes, préparer un programme de mise en œuvre et soumettre la demande de financement. Le CHDG vérifie également la crédibilité des demandes de crédit, suit les constructions et joue un rôle clé dans le suivi des remboursements des emprunteurs. Des dirigeants de la communauté locale, des représentants du gouvernement local et des représentants des bénéficiaires sont élus dans ces comités.
Les bénéficiaires peuvent se porter garants des emprunts de différentes façons, incluant une garantie personnelle ou une garantie soutenue par la communauté, l’employeur ou le gouvernement. La solution la plus efficace pour garantir le remboursement d’un emprunt passe par la pression communautaire, et une des tâches des CDHG est de garantir le remboursement des emprunts dans les délais impartis.
Le gouvernement n’intervient que pour les aspects du logement qui dépassent le contrôle individuel, comme la fourniture d’un terrain avec une sécurité d’occupation et l’accès à des crédits de logement. Le gouvernement joue également un rôle clé pour la révision des normes existantes de construction, la promotion du développement de matériaux locaux de construction, la suppression des obstacles juridiques, institutionnels et procéduraux et l’introduction de politiques alternatives. Un autre objectif est d’améliorer les informations sur la situation nationale en matière de logement et de renforcer la performance des institutions travaillant dans le secteur du logement.
Le programme « Build Together » fournira plusieurs types de programmes d’accompagnement pour aider toutes les personnes impliquées. Cela inclura un service d’aide technique pour aider les communautés à planifier leurs installations et concevoir leurs logements, et aider les autorités locales à organiser l’installation communautaire des infrastructures. Ils fourniront des informations sur l’utilisation de matériaux locaux de construction. Des centres de ressources communautaires seront mis en place pour fournir des informations et des conseils. Des formations sur des méthodes de construction seront également organisées.
Partenariat
Gouvernement national, gouvernement local, communauté locale