Nous sommes sur un parking calme, bordé par le vent, sur une colline au-dessus d’Erevan. Les blocs à appartements de l’époque soviétique qui nous entourent offrent des vues magnifiques sur la capitale arménienne en bas, et sur le Mont Ararat et la Turquie à l’Ouest.
Un vieil homme rassemble minutieusement les feuilles d’automne dans une pile impeccable, lorsque soudainement le calme est rompu par un groupe coloré de femmes qui jaillissent au coin d’un des blocs à appartements.
Immédiatement, notre petit groupe de juges des Prix Mondiaux de l’Habitat discute de la différence que fait le projet d’efficacité énergétique REELIH pour la vie des résidents de ces blocs précaires.
« Nous avons tellement plus chaud », affirme un premier. « La différence est incroyable » déclare un autre. « Avant, le vent passait à travers la porte d’entrée, mais ce n’est plus le cas. C’est très facile ! »
En surface, le projet REELIH – dirigé par la branche arménienne de l’organisation mondiale Habitat for Humanity – implique la réalisation de simples travaux de rénovation dans les anciens blocs de l’époque soviétique. Il garantit la mise à disposition de fonds via des « associations de propriétaires » pour des travaux axés sur l’efficacité énergétique, comme l’installation de nouvelles fenêtres à double vitrage et de portes d’entrée complètement étanches. REELIH a également débuté un programme d’isolation extérieure pour les bâtiments qui, malgré la nature exposée de nombreux logements et les températures hivernales en dessous de zéro, ont été construits sans faire attention à l’isolation dans les années 60 à 80.
Ce travail est essentiel pour lutter contre la pauvreté énergétique qui affecte de nombreux ménages d’Erevan. Environ un tiers de ces ménages sont classés par le gouvernement dans la catégorie des personnes en situation de pauvreté. Toutefois, ces améliorations ne sont que le résultat d’un processus mis en place pour obtenir les financements nécessaires.
Dès lors, qu’est-ce qui a permis au projet REELIH d’attirer l’attention des juges des Prix Mondiaux de l’Habitat et d’être finaliste des Prix 2017 ?
Selon, c’est parce que ce projet est :
- créatif – REELIH est innovant dans la mesure où il rassemble les résidents, les banques et le gouvernement local pour débloquer des fonds permettant d’améliorer les logements de certaines des communautés les plus vulnérables d’Arménie ;
- abordable – le coût des travaux énergétiques est financé par des emprunts et des subventions ;
- communautaire – la nature collaborative du projet REELIH génère des communautés plus engagées et a engendré une explosion du paiement des cotisations des associations de propriétaires ;
- transférable – les principes du projet sont déjà applicables dans nombre d’anciens États soviétiques de l’Europe de l’Est ;
- engagé – Habitat for Humanity Armenia a utilisé ses propres fonds pour prouver que le concept REELIH pourrait fonctionner ; et
- influent – les données collectées via le projet REELIH sont utilisées par le gouvernement arménien pour développer de meilleures politiques de logement.
Comment fonctionne le projet REELIH ?
Le projet REELIH aide les groupes de résidents à utiliser leurs associations de propriétaires pour accéder à des crédits bancaires en vue de contribuer au coût des travaux d’amélioration de l’efficacité énergétique. La différence est prise en charge via une subvention du gouvernement local.
Le concept est relativement simple, mais n’a jamais été mis en œuvre en Arménie en raison des préoccupations relatives à la solvabilité des associations de propriétaires. En outre, si les gouvernements locaux et nationaux peuvent constater que les citoyens sont confrontés à des problèmes en raison de la mauvaise isolation des logements et de la hausse des prix énergétiques, la facture des travaux pour résoudre ces problèmes est très élevée. La combinaison des crédits et des subventions prévue par le projet REELIH offre une solution à ces problèmes.
Comment le projet a-t-il surmonté les obstacles ?
Habitat for Humanity Armenia voulait tellement démontrer le potentiel du projet REELIH qu’elle a dirigé un projet pilote via lequel elle a prêté de l’argent à une association de propriétaires afin de convaincre les prêteurs d’en faire de même. Il s’agissait d’un pari assez risqué, mais cela a fonctionné, l’association de propriétaires ayant remboursé l’emprunt grâce à ses cotisations.
Dès lors, l’organisme de prêt Inecobank est devenu partenaire du projet REELIH, aux côtés de l’autorité municipale d’Erevan, cette dernière ayant investi jusqu’à 40% du coût total par grand bloc à appartements.
À la fin 2017, 30 blocs d’Erevan avaient été rénovés pour un coût moyen de 5.000 dollars. La municipalité prévoit de travailler avec REELIH, Inecobank et les associations de propriétaires pour réaliser les travaux de rénovation dans 100 autres bâtiments.
Quel est son impact ?
Le résultat de la collaboration entre toutes les parties pour trouver un accord sur le projet REELIH est la réduction de la pauvreté énergétique parmi certaines des personnes les plus vulnérables d’Erevan.
Toutefois, il s’est avéré difficile de mesurer les économies exactes d’énergie étant donné que ces personnes chauffent maintenant correctement leurs logements, alors qu’elles vivaient auparavant dans des pièces froides.
Outre le gouvernement arménien qui a constaté l’efficacité du modèle REELIH et qui prévoit de l’étendre au niveau national, d’autres pays de l’ancien Bloc soviétique souhaitent en savoir plus. La Bosnie-Herzégovine et la Macédoine mettent également en œuvre des approches basées sur le projet REELIH.
À Erevan, notre groupe de juges des Prix Mondiaux de l’Habitat a rencontré les résidents de plusieurs grands blocs à appartements et le message était toujours le même : ‘REELIH a considérablement amélioré nos logements et nos vies’.
Les premiers résidents que nous avons rencontrés avaient raison : REELIH mérite clairement son succès.
Stuart Macdonald (le deuxième à gauche sur la photo) est membre du Conseil d’administration de World Habitat et directeur de l’agence de relations publiques See Media.
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