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115.000.

Ce nombre représente le taux record de la baisse du chômage au Royaume-Uni en 2014.

C’est le montant en tonnes de nourriture que les supermarchés britanniques jettent chaque année.

C’est la population de Cambridge.

C’est également le nombre de ménages en Angleterre qui ont demandé une aide pour sans-abris à leur autorité locale en 2015/16, soit une hausse de 11 pour cent depuis 2010/11 (114.790 pour être exact).

Malheureusement, ce nombre ne tient même pas compte des 1,2 million de personnes qui se trouvent sur les listes d’attente pour des logements sociaux, un nombre qui a prétendument baissé grâce à un amendement de la Loi sur le logement qui complique encore davantage le fait de trouver un logement.

Dans le nord de l’Angleterre, deux organisations se sont engagées à aider les personnes sans domicile. Canopy Housing et Giroscope sont les principales organisations fournissant des logements abordables aux personnes et familles à Leeds et Hull. Leur impact ne se limite toutefois pas à la fourniture de clés pour des nouvelles maisons.

Le manque de logements abordables est un problème mondial. Je travaille pour une agence au Canada qui fournit des logements abordables et des services d’accompagnement aux sans-abris de Toronto depuis 30 ans. Nous logeons les « plus durs à loger » : les laissés-pour-compte qui souffrent de problèmes complexes, dont nombre ont été confrontés à de nombreuses années de sans-abrisme chronique. Notre mission se base sur le principe du logement d’abord : le rétablissement commence par un logement stable. Le rétablissement de nos résidents englobe le développement de compétences basiques et le travail avec des personnes dévouées en vue de gérer les troubles psychiques et les problèmes d’addiction, en plus de nombreux autres problèmes de santé. Nous pensons, à l’instar de nombreux professionnels, que le fait d’avoir un logement, un endroit sûr pour dormir la nuit, élever une famille et grandir est la première étape de la reconstruction.

À Toronto uniquement, il y a plus de 82.000 ménages inscrits sur les listes d’attente pour bénéficier de logements abordables (alors que nous sommes un pays de seulement 35 millions d’habitants). Toronto a un temps d’attente moyen de près de 10 ans, un des plus longs de la province d’Ontario. Nous sommes bel et bien confrontés à un problème d’envergure.

Conscients de notre problème de logement, Canopy et Giroscope ont décidé de prendre les choses en mains. À Leeds et Hull, il y a des centaines de logements inoccupés qui nécessitent d’importants travaux de rénovation. Lorsque l’on pénètre dans certaines de ces habitations, on peut se souvenir des photos des logements évacués lors de la catastrophe de Tchernobyl : des objets laissés parterre ou entassés dans des armoires, des jouets d’enfants au milieu des décombres et des débris de verre. Les familles qui ont habité ces logements ne sont plus que des ombres du passé. L’objectif de Canopy et Giroscope est de redonner vie à ces habitations.

Le conseil municipal de Leeds a dans un premier temps permis à Canopy de rénover 10 logements sociaux en très mauvais état. L’association, qui a maintenant 20 ans, propose actuellement 64 logements, dont 15 lui appartiennent. Il s’agit principalement de maisons mitoyennes, qui ont été rénovées par un groupe de bénévoles motivés selon des normes écologiques.

Ce qui rend cette initiative unique est le fait qu’elle s’inscrit dans le cadre des autoconstructions, un mouvement permettant aux communautés de renforcer leurs compétences. Les bénévoles sont sélectionnés sur base de leurs propres besoins. Plusieurs bénévoles avec lesquels j’ai parlé souhaitaient une activité de bénévolat qui leur permettait de renforcer leurs compétences et améliorer leurs réseaux sociaux. Giroscope, qui a débuté en 1985 et qui est située à Hull, a la même mission. Créée pour loger les jeunes chômeurs, cette organisation est devenue une coopérative de travailleurs avant d’acquérir le statut associatif. Elle a engagé deux accompagnants et loue également des espaces pour des entreprises sociales, dont une boulangerie et un magasin de vélos. L’élément le plus impressionnant est son jardin communautaire, qui offre aux bénévoles la possibilité de faire autre chose que de la construction.

World Habitat International Peer Exchange to Self -help Housing in the North of EnglandAlors que Canopy implique les futurs locataires dans le processus de rénovation, Giroscope offre principalement des formations sur le terrain à ses bénévoles en vue d’améliorer leur employabilité. Les deux organisations ont engagé certains de ses bénévoles, un effort qui ne passe pas inaperçu. Parlant à certaines de ces personnes, dont plusieurs ont été confrontées à une précarité importante avant de trouver leur organisation respective, il était évident qu’elles étaient extrêmement reconnaissantes de la chance qui leur avait été offerte. De nouveaux immigrants à d’anciens détenus, Canopy et Giroscope ont fait bien plus que construire des logements. Elles ont construit des communautés.

Lauréates des Prix mondiaux de l’Habitat, créés par la Building and Social Housing Foundation (World Habitat), ces deux organisations ont été reconnues pour leur approche unique en matière de lutte contre la crise du logement dans le nord de l’Angleterre. La World Habitat existe pour aider des organisations internationales et des professionnels du logement à partager leurs connaissances et expériences. Ayant été sélectionnée pour assister à leur dernier échange par les pairs en septembre passé, je me sens davantage préparée à mener des discussions sur des stratégies innovantes de logement, et j’ai la volonté de me faire entendre. Bien que toutes les communautés ne disposent pas des moyens nécessaires pour mettre en œuvre le modèle des autoconstructions, il est possible de reproduire de nombreux éléments de cette approche aux quatre coins du pays.

Il n’existe pas de solution unique en matière de logement abordable. S’il est possible de mettre en œuvre des modèles de logement d’abord avec des logements individuels et dispersés, certaines personnes n’ont pas besoin d’accompagnants sur place et se concentrent sur la recherche de stabilité plutôt que sur le rétablissement. Nombre de nos usagers ne pourront jamais trouver ou maintenir un emploi à cause de la complexité de leur vie, mais il existe de nombreuses personnes mal logées et sans emploi qui doivent simplement trouver la solution adaptée à leurs besoins.

Canopy et Giroscope fournissent bien plus qu’un logement aux personnes qui en ont besoin d’un. Elles offrent des opportunités uniques pour changer de vie aux personnes qui méritent un petit coup de main, et une chance de s’intégrer dans quelque chose de plus grand qu’elles, à savoir une communauté qui s’entraide.

Cela peut commencer avec quatre murs et un toit, mais il y a des choses dans la vie qui sont tout simplement inestimables.


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