Le quartier de Tampines est un des vingt-deux nouveaux quartiers de Singapour, construits par le Housing and Development Board (HDB). Il s’agit toutefois d’un des plus grands et des plus récents, qui tire les leçons de l’expérience dans d’autre quartiers. En 1980, le site du quartier actuel de Tampines était un paysage désolé de terres inoccupées, composées principalement de sable. Dix ans plus tard, le quartier était construit, couvrant une zone de 960 hectares. Il compte une population de 280.000 habitants dans 56.000 logements. Différents services comme des commerces, des centres sociaux et des centres de loisirs ont été développés dans ce quartier vibrant. Les résidents peuvent également profiter d’une bibliothèque, d’une polyclinique et de centres communautaires. En matière d’éducation, il existe plusieurs écoles primaires et secondaires, ainsi que l’Institut de l’enseignement technique. Un réseau de transport efficace composé d’autoroutes et de routes nationales permet une circulation rapide et aisée, tant au sein du quartier que vers d’autres quartiers de Singapour.

Des méthodes de construction mécanisées ont été utilisées pour accélérer la construction du quartier et réduire la dépendance d’une main-d’œuvre qualifiée. Une usine a été construite à proximité et opérait 24h/24 pour fabriquer des éléments préfabriqués, et il y avait une carrière de sable mécanisée pour fournir les matières premières nécessaires. Un logement préfabriqué pouvait ainsi être construit en 33 jours, ce qui aurait été impossible en temps normal. Profitant de la technologie des éléments préfabriqués, des designs élégants ont été créés grâce à l’utilisation de façades courbées et de formes différentes. Ces designs ont également été enrichis par des dalles de différentes couleurs et textures.

Étant donné la densité élevée inévitable, l’importance de la variété architecturale a été rapidement reconnue. À Tampines, les immeubles courbés et angulaires sont courants, et chaque immeuble est différent au niveau de son design. Différentes couleurs et des différents éléments tels que des toits inclinés, des balcons circulaires, des treillis et des jardins sur les toits sont utilisés pour créer une identité dans les différentes zones du quartier. Une ligne d’horizon pittoresque et intéressante est également créée par la variété de hauteur des différents immeubles. Des appartements de différentes tailles sont inclus dans un même immeuble, permettant à des personnes avec différents revenus de vivre dans un même immeuble, évitant ainsi la formation de ghettos et encourageant la tolérance et le respect dans une communauté multiraciale. Le premier étage de chaque immeuble reste inoccupé en vue de créer un espace qui améliore le mouvement de l’air au rez-de-chaussée, ce qui a des avantages environnementaux et sociaux, permet de créer une image moins dense et offre un espace où les résidents peuvent se réunir de façon formelle ou informelle. Si besoin, des crèches et autres services sociaux peuvent être construits à cet étage.

Le quartier de Tampines englobe actuellement huit zones, chacune englobant entre 5.000 et 6.000 appartements et couvrant entre 80 et 100 hectares. Ces zones sont toutes différentes au niveau de leur design, utilisant chacune des motifs différents ou des couleurs différentes. Chaque zone se divise en secteurs de six à huit immeubles résidentiels et chaque immeuble loge entre 80 et 120 familles. Chaque secteur dispose d’équipements collectifs et d’aires de jeux pour les enfants.

Un des aspects les plus impressionnants des quartiers de Singapour est l’entretien continu des espaces publics et des bâtiments. Malgré son climat tropical, avec plus de 2.360 mm de précipitations par an, tous les bâtiments des nouveaux quartiers sont bien entretenus, sans le moindre signe d’écaillage de peinture ou de fissures dans le plafonnage. Tous les objets mécaniques, comme les ascenseurs, les vide-ordures et autres sont entretenus régulièrement et sont réparés très rapidement en cas de problème. Les temps de réponse pour les réparations sont minutieusement contrôlés, trente minutes étant par exemple le temps de réponse le plus long enregistré pour une panne d’ascenseur au cours de ces deux dernières années. Dans la mesure du possible, le système de gestion des entretiens est informatisé et automatisé pour garantir un service rapide et efficace. Toutes les demandes de réparations sont enregistrées sur ordinateur, en notant l’heure de l’appel, les mesures prises, etc. La performance des services est régulièrement évaluée pour éventuellement améliorer les méthodes existantes et la productivité. Les méthodes de gestion sont également évaluées régulièrement pour trouver des méthodes plus efficaces. Le personnel est encouragé à contribuer à améliorer la qualité, les coûts et la sécurité des services du HDB.

Les espaces vers sont entretenus continuellement. L’entretien de ces espaces est aussi important que l’entretien des logements. En matière d’horticulture, environ 10.000 dollars sont dépensés par hectare par an pour entretenir les espaces verts. L’élagage des plantes et des arbustes, le désherbage et la lutte antiparasitaire font partie des différentes tâches qui doivent être effectuées.

Avant 1991, la gestion et l’entretien des quartiers incombaient uniquement à l’HDB. Depuis le 1er mars 1991, cette responsabilité revient aux nouveaux conseils locaux. Ces conseils locaux ont été introduits pour encourager les résidents des logements à prendre soin de leurs logements et de l’environnement.

Un aspect-clé du succès de Singapour, dans tous les domaines et pas uniquement dans le domaine du logement, est sa volonté d’améliorer en permanence sa performance. La « planification prospective » est le mort d’ordre de l’HDB, qui tente toujours d’anticiper les problèmes éventuels en obtenant un feedback continu via des enquêtes de terrain et en identifiant les différents problèmes. Cette tâche est toutefois compliquée et nécessite une vigilance constante. Les réactions des résidents aux politiques et aux actions dans les logements sociaux sont suivies de près en vue d’aider la direction dans son processus décisionnel. Les domaines de mécontentement sont analysés en vue de trouver des solutions et réduire au maximum les problèmes.

La fourniture de logements décents à ses citoyens a toujours été une priorité pour le gouvernement de Singapour. Le gouvernement offre une aide financière à l’HDB en vue de financer son programme de développement ainsi que d’autres activités. Cette aide se présente sous la forme de crédits et de subventions.

Les crédits octroyés à l’HDB se présentent sous deux formes :

  • Des prêts en matière de développement de logements qui financent les programmes de construction de l’HDB. Il s’agit de prêts de 20 ans qui sont fixés à deux pour cent au-dessus du taux d’intérêt flottant du Fonds central de prévoyance (actuellement à 3,82 pour cent). Ces prêts sont remboursés via les bénéfices des ventes d’appartements et via les loyers des locataires.
  • Des crédits hypothécaires qui financent les crédits de logement proposés par l’HDB aux personnes qui souhaitent acheter un appartement. Ces crédits hypothécaires sont des prêts de 20 ans fixés sur base du taux d’intérêt flottant du Fonds central de prévoyance. L’HDB rembourse ces emprunts via la collecte des mensualités des acheteurs de logements.

Des subventions sont également fournies par le gouvernement pour couvrir les pertes opérationnelles de l’HDB. Les grandes activités liées à la vente, la location et la rénovation d’appartements sont des activités déficitaires, alors que les autres activités telles que la location des espaces commerciaux engendrent des bénéfices. La perte opérationnelle nette des logements et d’autres activités sont ainsi couvertes par les subventions du gouvernement. En outre, le gouvernement prend en charge les coûts d’infrastructure et de réinstallation impliqués dans les nouveaux développements.

En plus de fournir des subventions à l’HDB, le gouvernement octroie également des subventions aux conseils locaux pour la gestion des logements.

Un des principaux facteurs du succès de l’accès à la propriété est le fait que Singapour a une propension à l’épargne très élevée, notamment renforcée par le Fonds central de prévoyance qui est un programme d’épargne obligatoire pour les travailleurs. Tant les employeurs que les employés contribuent à hauteur de 20 pour cent du salaire mensuel à ce fonds, et les employés peuvent utiliser jusqu’à 75 pour cent de cette contribution combinée pour payer leurs mensualités relatives à leurs crédits hypothécaires. L’argent accumulé dans le fonds est utilisé pour payer la caution de 20 pour cent nécessaire pour acheter un appartement. Les prix de vente, les loyers et les charges sont fixés par le gouvernement central.

Il n’y a pas de chômage à Singapour et la pénurie actuelle de main-d’œuvre est pour le moins inquiétante. La subvention accordée dépend de la taille de l’appartement et non des revenus du ménage, les plus petits appartements recevant les subventions les plus importantes. Étant donné que les ménages à bas revenus sont souvent ceux qui achètent les plus petits appartements, ces ménages bénéficient des plus grandes subventions. L’allocation-logement moyenne est comprise entre 54 pour cent et 75 pour cent des loyers du marché, les plus grands appartements recevant les allocations les plus importantes.

Singapour tente de réduire le rôle de l’État dans la vie de ses citoyens et encourage ceux-ci à s’impliquer davantage dans les décisions qui affectent leur vie. Les résidents sont de plus en plus encouragés à s’impliquer dans le fonctionnement de leurs immeubles et de leurs quartiers. Les conseils locaux comptent entre 6 et 30 membres, et les députés assument automatiquement la fonction de présidents de ces conseils. Ils nomment ensuite des conseillers parmi les résidents de leurs circonscriptions. Ces conseillers sont ensuite responsables de leurs circonscriptions respectives, ce qui permet aux résidents d’avoir leur mot à dire dans la gestion des immeubles dans lesquels ils vivent.

Ils sont responsables de :

  • l’entretien et les réparations des espaces communs ;
  • le nettoyage des espaces communs ;
  • les travaux de jardinage et d’horticulture ;
  • les services d’entretien ;
  • la gestion des biens communs ;
  • la collecte des redevances portant sur les services et la conservation. Dans le cas de Tampines, comme dans d’autres quartiers, l’HDB a été désignée pour réaliser cette tâche générant des activités communautaires dans le quartier.

Dans un monde de plus en plus urbanisé, les villes seront confrontées à une pression croissante pour loger de plus en plus de personnes dans des quartiers comparativement petits. L’exemple fourni par Singapour démontre comment cela peut être réalisé tant économiquement qu’efficacement, mais en tenant compte également des besoins économiques de la population.

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