Description du projet
Les Maisons de l’espoir de Düzce est une coopérative de logement qui se concentre sur la reconstruction après catastrophe naturelle dans le district de Beyköy de la province de Düzce dans le nord de la Turquie. Le programme ne se contente pas de travailler dans le domaine du logement. De fait, l’accès de la coopérative à des terrains adaptés et subventionnés et la construction de logements sûrs et abordables pour certaines des familles les plus vulnérables de la province est le résultat de 15 années de lutte pour le droit au logement.
Le programme des Maisons de l’espoir de Düzce a été développé par la Coopérative de logement pour les sans-abri et les victimes de séismes à Düzce, une coopérative créée par des locaux en 2003. Quatre ans plus tôt, deux séismes dévastateurs ont frappé la région, tuant plus de 18.000 personnes, détruisant plus de 100.000 habitations et laissant plus de 140.000 personnes sans domicile à l’exception des hébergements d’urgence préfabriqués. Lorsque leur communauté et leurs logement ont été détruits, les locaux se sont rassemblés pour développer leur propre solution de logement. La plupart des travaux de reconstruction qui ont été réalisés en Turquie après les séismes de 1999 ont été pris en main par les propriétaires. Ce projet élargit le droit au logement aux locataires.
La coopérative de logement pour les sans-abri et les victimes de séismes à Düzce a été créée pour défendre les droits des personnes avec les revenus les plus bas de la communauté. La même année, en 2003, la coopérative a organisé sa première manifestation de masse, impliquant des centaines de personnes qui sont descendues dans les rues pour demander des prêts bonifiés et des terrains viabilisés. Premièrement à Düzce et ensuite dans la capitale Ankara, ces manifestations ont inclus des campements de familles affectées dans les parcs de la capitale. Parfois, les personnes impliquées ont été placées en garde à vue. En 2004, après plusieurs campagnes de lobbying, le ministère de l’Urbanisme et du Logement a alloué six parcelles de terrain pour la construction de logements destinés aux résidents à bas revenus. Ces terrains initialement offerts par l’État à la coopérative en 2004 étaient inadaptés, et il a fallu attendre 2012 et des actions directes et judiciaires de la coopérative pour que l’État offre des terrains adéquats à la communauté.
L’approche axée sur l’entraide[1] du programme a permis d’impliquer les futurs résidents dans toutes les étapes, du lobbying pour leurs droits au logement à la construction des logements en passant par l’élaboration des plans.
Une équipe de professionnels qui consacrent bénévolement leur temps au programme a créé le Düzce Hope Studio, un studio collaboratif à Istanbul. Ce groupe d’architectes, ingénieurs, urbanistes et sociologues bénévoles a été créé en 2014 pour aider la coopérative des Maisons de l’espoir de Düzce à concevoir et à construire des habitations avec l’implication des résidents locaux. Les activités et les ateliers participatifs dirigés par le Düzce Hope Studio, qui sont une partie essentielle du développement du programme, ont inclus des ateliers spécifiques pour différentes sections de la communauté dont les enfants, les personnes âgées et les femmes. Maintenant, le travail de la coopérative implique plus de 300 personnes (quatre employés à plein temps sur place, environ 40 membres travaillant régulièrement sur place, 234 membres travaillant un jour par semaine et plus de 50 bénévoles de Düzce Hope Studio, un collectif d’architectes, ingénieurs, urbanistes et sociologues bénévoles).
Les critères d’adhésion à la coopérative s’assurent que les logements sont uniquement disponibles pour les locaux à bas revenus. Pour devenir membre de la coopérative des Maisons de l’espoir de Düzce, il faut :
- Ne pas être propriétaire de bien.
- Avoir des bas revenus.
- Vivre dans la province de Düzce.
- Travailler un jour par mois sur le site de construction.
- Participer au développement et à la gestion du projet.
- Avoir habité Düzce lors du séisme de 1999.
Les progrès réalisés par la coopérative à ce jour pour défendre les droits et l’accès à la terre ont servi de base pour le vrai travail de construction. Les fondations des logements ont été terminées en octobre 2016, deux ans après avoir payé la première tranche pour les terrains. Le site sur lequel les logements sont construits est situé sur un flanc de colline situé entre un projet de logements construits par le gouvernement et une zone industrielle incluant une grande verrerie.
Certaines installations communes, comme un jardin biologique, sont déjà terminées. Le projet doit se terminer en 2018 et inclura 234 logements pour les membres, trois logements pour les concierges, pour un total d’un millier de personnes dans 29 immeubles. Il y aura également un centre communautaires, des jardins urbains, une cuisine coopérative de femmes et des espaces publics. Ces espaces publics bénéficieront également à 5.000 autres personnes du district.
[1] Les coopératives d’entraide dans le domaine du logement impliquent des personnes qui travaillent ensemble et qui s’entraident pour construire leurs propres logements. Cette approche utilise la main-d’œuvre des futurs résidents, leur permettant de contribuer aux coûts de construction de leurs logements. Les logements appartiennent collectivement aux membres de la cooperative.
Objectifs
Le principal objectif de la coopérative des Maisons de l’espoir de Düzce est de garantir le droit à des logements abordables et permanents pour les victimes de séismes, notamment pour les personnes qui étaient locataires avant les séismes.
Plusieurs facteurs contribuent à l’atteinte de cet objectif :
- Un militantisme permanent, des campagnes et du lobbying pour encourager des changements.
- Une participation active de la communauté pour défendre le droit au logement pour tous, incluant certaines des communautés les plus marginalisées de la province.
- La participation de la communauté dans la construction de leurs propres logements, notamment au niveau de la main-d’œuvre.
- La collaboration entre des professionnels (comme des architectes) et les communautés pour construire des logements qui répondent aux besoins et souhaits des locaux.
- La garantie de logements abordables et permanents pour les locaux à bas revenus.
- La construction de logements plus résistants et plus durables sur le plan écologique.
- La création de quartiers forts en ne se contentant pas des logements.
- L’amélioration des espaces publics et communs pour la communauté.
Contexte
Les coopératives de logement ont commencé à se former dans les années 30 en Turquie et il y a actuellement deux millions de personnes qui vivent dans des logements qui ont été construits par des coopératives. Toutefois, de nombreuses coopératives qui ont été créées pour construire des logements ne sont pas restées sous la forme de coopératives lorsque les logements ont été construits. Par ailleurs, les coopératives de logement en Turquie ont une très mauvaise réputation. Comme mentionné dans le rapport de 2013 du Bureau régional des Nations Unies pour l’Europe et l’Asie centrale (Organisation des Nations Unies pour la nourriture et l’agriculture) « … le terme « coopérative » implique une attitude politique spécifique et rappelle des histoires de fraude et de corruption, notamment lorsqu’il s’agit de coopératives de logement. »
De 1993 à 2002, il y a eu une baisse au niveau du développement de coopératives de logement, notamment à cause de la crise économique qui a touché la Turquie. L’État a réduit ses aides financières et les coopératives existantes de logement ont été confrontées à des déficits opérationnels, le prix des terrains a augmenté en flèche et la capacité d’épargne des personnes a été affectée par la hausse des prix.
En août 1999, un séisme dévastateur a frappé la région de Marmara en Turquie, suivi par un deuxième séisme en novembre la même année, dont l’épicentre était la province de Düzce. Entre 2001 et 2005, quelques 57 maisons ont été construites pas des villageois qui ont travaillé ensemble et avec des personnes extérieures aux villages concernés, et de nombreuses personnes ont intégré des logements inadéquats. Avant le développement de la coopérative des Maisons de l’espoir de Düzce, l’aide du gouvernement pour les victimes des séismes se concentrait uniquement sur les propriétaires, n’octroyant aucune aide aux locataires.
Principales caractéristiques
Ce programme global et communautaire possède plusieurs grandes caractéristiques, comme résumé ci-dessous :
- Promouvoir le droit au logement pour tous dans la communauté, notamment pour les personnes à bas revenus.
- Garantir l’accessibilité financière à long terme du logement.
- Utiliser les constructions pour élaborer des collaborations et renforcer le sentiment de communauté.
- Réaliser des économies de coût dans la mesure où la coopérative dirige elle-même le processus, acquière les matériaux directement auprès des producteurs et se repose sur la main-d’œuvre des membres.
- Une coopérative de production de femmes est actuellement en cours d’enregistrement, même si la production a déjà commencé. Cette initiative a été développée pour générer des revenus.
- Il existe cinq plans différents de logements, qui sont adaptés pour répondre aux besoins des différentes familles. Ces plans se basent sur un processus participatif incluant des sessions individuelles avec chaque famille.
- Un cour centrale et des espaces communautaires ont été développés pour réunir les voisins et favoriser un sentiment de communauté.
- Une approche proactive pour obtenir le soutien de bénévoles d’autres pays, avec des collaborations internationales et la création de partenariats incluant des groupes de travail composés de travailleurs et de professionnels.
Plusieurs autres organisations ont été impliquées dans le projet :
- One Hope Association est une organisation bénévole qui aide les communautés urbaines à bas revenus dans des projets de régénération. Elle offre des conseils sur des normes sanitaires et de sécurité aux travailleurs et elle a été impliquée dans l’aide fournie juste après le séisme.
- Le Düzce Hope Studio a fourni des architectes, ingénieurs, urbanistes et sociologues bénévoles. Il a été créé après un appel public de la One Hope Association pour aider la coopérative.
- Le conseil local de Beyköy était chargé des permis d’urbanisme et de l’approbation des zonages.
- Des écoles locales d’urbanisme et de design et le Centre for Spatial Justice ont fourni une aide technique, des bénévoles et des fonds.
- Le Fonds de solidarité des coopératives suisses de logement a soutenu financièrement les membres à bas revenus via un « fonds social de sécurité ».
Quel est son impact ?
Le contexte politique en Turquie a directement été influencé par les personnes impliquées dans le développement de la coopérative des Maisons de l’espoir de Düzce. Au niveau national, la garantie du droit à la terre et la fourniture de logements à des locataires à bas revenus après des catastrophes naturelles sont de véritables exploits pour le projet. Grâce à plusieurs campagnes de lobbying au niveau local, la coopérative a réussi à permettre à des familles d’accéder à des terrains adéquats et viabilisés, et est sur le point de développer la première coopérative d’entraide dans le domaine du logement en Turquie.
Certains des membres actuels de la coopérative étaient des enfants lors du séisme de 1999. Nombre d’entre eux ont rejoint leurs parents pour se battre pour leur droit au logement, ce qui a débouché sur une action communautaire impliquant plusieurs générations.
Le Düzce Hope Studio est un espace où des architectes, des urbanistes, des ingénieurs civils, des sociologues et des artistes travaillent ensemble vers un objectif social. Ils ont organisé et lancé des événements publics, des expositions et des publications. Cela a permis l’introduction d’un urbanisme participatif en Turquie. Le Studio reçoit des invitations d’autres villes en Turquie pour partager ses expériences.
L’approche proactive en matière de collaboration prise par la coopérative des Maisons de l’espoir de Düzce a permis d’attirer de nouveaux membres et a engendré pas mal de sympathie, notamment de travailleurs locaux du bâtiment et de directeurs de banques, qui ont commencé à s’impliquer bénévolement dans le projet.
Le conseil local est maintenant davantage disposé à fournir des logements abordables dans le district, et certains entrepreneurs privés ont adopté des pratiques participatives dans le cadre de leur travail.
Comment est-il financé ?
Le coût estimé du projet est de 18 millions de Livres turques (5.064.431 dollars) pour 31.000 mètres carrés de construction. Ce coût inclut :
- Le paiement des terrains à l’organisme de logement – 2,3 millions de Livres turques (647.122 dollars) dont 460.000 Livres turques (129.424 dollars) ont déjà été payées.
- Fondations – environ 3 millions de Livres turques (844.072 dollars) ont déjà été dépensées.
- Construction – environ 11 millions de Livres turques (3.094.930 dollars).
Les coûts de construction attendus pour les deux prochaines années s’élèvent à 15 millions de Livres turques (4.155.355 dollars) qui seront payés grâce aux cotisations des membres de la coopérative et aux emprunts bancaires. Étant donné que les taux d’intérêt sur les emprunts bancaires sont très élevés en Turquie, la coopération recherche d’autres alternatives, incluant des fonds et des emprunts d’agences internationales de développement. Les coûts attendus du projet après les travaux de construction se limiteront à l’entretien et à la gestion du site.
Lorsque les travaux de construction seront terminés, le coût moyen d’un logement (76.000 Livres turques) (21.053 dollars) sera plus bas que le coût de l’appartement deux chambres le meilleur marché du projet de logements sociaux à proximité (110.000 Livres turques) (30.472 dollars). Le coût moyen de location d’un logement pour les résidents s’élève à environ 600 Livres turques (168 dollars) par mètre carré, soit la moitié du taux actuel du marché dans la région.
Étant donné que le projet n’est pas encore terminé, les coûts de fonctionnement annuels ne sont pas encore clairs. Toutefois, ils incluront la collecte des déchets, le nettoyage, l’entretien, l’électricité pour les espaces publics et la gestion du centre communautaire. Les installations communautaires génèreront des revenus via la coopérative de production des femmes, un marché alimentaire bio, un magasin de réparation et une crèche pour les enfants. Une partie de ces revenus sera placée dans le fonds de gestion du site pour les coûts annuels de fonctionnement.
Aspects innovants
La qualité des logements disponibles pour les locaux en Turquie est généralement déterminée par les revenus. Les victimes des séismes de 1999 ont débuté ce programme, qui est le premier mouvement de locataires pour les personnes à bas revenus tentant de faire valoir leur droit à un logement adéquat. Il s’agit du premier projet de logement de masse dans le pays qui est conçu et développé par ses résidents. Leurs besoins de logement sont déterminés par les membres mêmes de la coopérative.
Une approche participative pour fournir des logements abordables n’avait jamais figuré à l’agenda national auparavant. Cette approche basée sur l’entraide de la coopérative est beaucoup plus courante dans d’autres parties du monde, notamment en Amérique latine. Cette coopérative est certes une première dans le contexte après catastrophe en Turquie, mais l’approche basée sur l’entraide n’avait en réalité jamais été adoptée dans les projets de logement dans ce pays. L’approche ne se contente pas de placer l’accent sur le logement en tant qu’hébergement, elle promeut également les liens entre les voisins et un sentiment de communauté.
L’approche coopérative prise lors de toutes les étapes du développement du programme implique que ce projet a plus de chances de survivre en tant que coopérative lorsque les logements seront terminés, contrairement à la majorité des coopératives existantes de logement en Turquie. L’accessibilité financière à long terme des logements pour les familles à bas revenus est dès lors davantage garantie que dans d’autres programmes.
Des mesures innovantes en matière de réduction des coûts ont été développées, et celles-ci ont réduit les coûts de la première phase de construction. Des ateliers sont organisés pour les membres, l’équipe technique et les personnes qui se chargent des constructions. Ceux-ci rassemblent tout le monde pour prendre les décisions relatives aux techniques et aux matériaux à utiliser. Les matériaux sont achetés directement auprès des producteurs. Cela a permis de rendre les logements accessibles financièrement pour les personnes à très bas revenus. Pour garder les logements abordables sur le long cours, les membres ne peuvent pas vendre les logements à des tierces parties sans l’accord de la cooperative.
Quel est son impact sur l’environnement ?
Dix-neuf matériaux différents pour les murs extérieurs des maisons ont été étudiés par des experts du Düzce Hope Studio. Sur base de cette étude, cinq options ont été présentées à la coopérative, et l’option la plus écologique, à savoir le béton cellulaire, a été sélectionnée. Ce béton est léger, poreux et améliore naturellement l’isolation thermique. Dans la mesure du possible, les matériaux de construction sont locaux. La terre utilisée pour les constructions au niveau du sol provient directement d’un site de décharge situé à proximité, ce qui réduit le besoin de transport. Du bois durable local a été utilisé pour la construction du centre communautaire.
Les membres de la coopérative ont appris à produire du compost à partir des déchets organiques et du recyclage. Le compost créé par les déchets de la cuisine communautaire est utilisé au jardin communautaire. Ils cherchent des solutions pour utiliser des panneaux solaires pour le chauffage et l’électricité du centre communautaire et des logements lorsqu’ils seront terminés.
Viabilité financière
Tous les coûts prévus pour le futur concerneront principalement l’entretien et la gestion des immeubles et des jardins. Ces coûts seront pris en charge par les cotisations mensuelles des résidents et par les revenus générés par la coopérative. Il existe des plans pour construire un four communautaire, qui sera utilisé pour faire et vendre du pain. Tous les bénéfices de la vente de pain et l’argent généré par la cuisine coopérative des femmes contribueront à générer des revenus pour la coopérative.
Le projet en soi ne dépend pas de futures sources de financement. Toutefois, la rapidité des travaux restants de construction dépendra de la disponibilité des fonds futurs. La date de fin des travaux pourrait être retardée si les fonds venaient à manquer à un moment donné. Les fonds et la main-d’œuvre provenant de la coopérative sont assurés.
Les cotisations des membres de la coopérative augmenteront lorsque les résidents intègreront leur nouveau logement en vue d’inclure leur loyer mensuel. Cela signifie que les résidents ne paient pas de loyer en même temps que les coûts de construction.
Les membres qui possèdent les revenus les plus bas bénéficient d’une aide pour payer leurs cotisations, grâce à un fonds de soutien créé par le fonds de solidarité suisse des coopératives de logement.
Des emplois sont créés tant durant qu’après les constructions. Tous les emplois sont destinés aux membres de la coopérative, afin de renforcer la position financière des membres en leur permettant de bénéficier d’emplois et de revenus.
Quel est son impact social ?
Le sentiment d’implication et la collaboration entre les locaux ont renforcé le sentiment de communauté ainsi que les liens sociaux qui bénéficient à tous les résidents des nouveaux logements.
Le projet a réduit les inégalités sociales en fournissant un accompagnement supplémentaire à certaines des personnes les plus défavorisées de la communauté. Cela inclut un fonds de sécurité sociale pour fournir une aide financière (sous la forme d’un fonds de secours pour payer le loyer des membres qui perdent leur travail), des opportunités d’emploi et l’initiative de la coopérative de production des femmes. Celle-ci promeut l’égalité entre les sexes, en aidant les femmes à s’impliquer dans des activités génératrices de revenus. Les ménages dirigés par des femmes représentent près de la moitié de l’ensemble des ménages (106 familles).
En améliorant l’infrastructure locale et les espaces publics, la coopérative des Maisons de l’espoir de Düzce promeut l’intégration des membres de la coopérative au sein de la communauté. Elle améliore également l’ensemble du quartier pour les ménages voisins. Düzce Hope Studio a aidé le conseil local à reconcevoir une salle communautaire publique et la cour intérieure d’une mosquée locale.
La construction du centre communautaire polyvalent engendre des opportunités pour les membres en leur permettant de renforcer leurs compétences via des cours qui y sont proposés. Une vie active et saine est encouragée. Il existe également une initiative d’agriculture urbain sur place en vue de produire une alimentation saine et locale pour les membres.
Le centre communautaire compte développer un programme visant à sensibiliser la communauté sur les séismes et encourager les familles à se préparer à ces catastrophes, promouvoir le droit au logement et des logements participatifs, et démontrer que le logement est bien plus qu’un hébergement.
Les locaux et les membres de la coopérative en particulier ont acquis davantage de confiance pour s’adresser au gouvernement et aux organisations publiques afin d’atteindre leurs objectifs et faire valoir leurs droits.
Obstacles
Avant le début de ce programme, la société et les autorités locales semblaient estimer que les locataires n’avaient pas droit à un logement décent. Cette attitude avait également une influence sur les membres mêmes de la coopérative, et il s’est avéré difficile de modifier la perception des membres. Les précédentes coopératives de logement en Turquie n’étaient pas considérées comme étant inclusives ou démocratiques, et n’incluaient pas des experts de différentes disciplines dans leur processus de développement.
En Turquie, le logement est souvent considéré comme un investissement plutôt que comme un droit humain, et ce programme a adopté une approche complètement différente. Ces obstacles ont été surmontés en renforçant les capacités des locataires pour leur permettre de créer un mouvement luttant pour leur droit au logement. Il était important pour ces personnes de connaître le cadre juridique existant afin de pouvoir défier les autorités.
Certains des professionnels travaillant avec les résidents n’étaient pas habitués à travailler directement avec des communautés, notamment avec des communautés activement impliquées dans les processus décisionnels. Cela a créé quelques problèmes au début, mais étant qu’il s’agissait d’une caractéristique essentielle du programme, les professionnels ont rapidement appris à adapter leur approche pour s’adapter à l’implication de la communauté.
Leçons retenues
- Les personnes doivent être persévérantes et insister sur leur droit à un logement sûr.
- Il importe de comprendre et d’utiliser les droits légaux pour surmonter les obstacles.
- Les perceptions négatives des coopératives de logement peuvent être combattues en développant un exemple communautaire positif.
Évaluation
Le projet a été évalué par le gouvernement local et les sociétés de contrôle des constructions, comme exigé par la loi. Les finances de la coopérative ont également été auditées. Les membres de la coopérative et les bénévoles du Düzce Hope Studio évaluent le succès global du projet de façon constante. Jusqu’à présent, les résultats se sont avérés être positifs. Ils étudient différents aspects dont :
- La modification des perceptions sur le droit au logement.
- La participation active des membres.
- L’inclusion de différents groupes de la communauté, comme les femmes, les personnes âgées et les jeunes.
- L’accessibilité financière pour les familles à très bas revenus.
- Le transfert des connaissances et des compétences des experts aux membres de la coopérative.
- La viabilité environnementale et sociale.
Reconnaissance
Le projet a été abordé dans plusieurs journaux locaux et nationaux, dans des médias en ligne et à la télévision. Plusieurs études universitaires se sont concentrées sur le travail des Maisons de l’espoir de Düzce et, depuis lors, le site de construction est ouvert aux visiteurs, et ils accueillent souvent des personnes venant de Turquie ou de l’étranger. Le syndicat de voisinage, des bénévoles de la Society, la Chambre des architectes, des étudiants et des universitaires de plusieurs universités ont notamment visité le projet.
Transfert
Le cadre juridique de la coopérative peut être reproduit dans d’autres quartiers et dans d’autres coopératives de logement en Turquie. L’approche participative en matière de planification et de conception peut être utilisée plus largement, en incluant des plus grands projets de logement social. Les mesures de réduction des coûts utilisées par la coopérative peuvent être reproduites par d’autres projets de logement social.
Le modèle des Maisons de l’espoir de Düzce peut être transféré dans d’autres groupes de locataires en Turquie. Cela inclut la création d’une coopérative démocratique de logement qui est autofinancée, demandant des terrains publics subventionnés pour les constructions et impliquant pleinement les résidents. L’approche du « site ouvert » du site de construction a permis à la coopérative de partager son travail avec des personnes et organisations nationales et étrangères.
Ce programme sensibilisera la communauté sur les risques des séismes et défendra le droit au logement. Il tentera de transférer les connaissances et les compétences acquises par la coopérative à d’autres locaux.
Les Maisons de l’espoir de Düzce est également membre du Syndicat de voisinage de Turquie, un réseau de 50 groupes informels de quartiers confrontés à la régénération urbaine. La coopérative a partagé ses expériences via ce réseau.
Le projet a organisé la HOPE Exhibition au Studio X (Istanbul) en 2016 pour partager ses expériences au niveau national. En 2015, ils ont participé à la Biennale architecturale internationale d’Antalya. Les membres de la coopérative ont commencé un projet de documentaire et une plateforme de vidéos en ligne. Cette plateforme compte plus de quatre cents vidéos sur les Maisons de l’espoir de Düzce. Ils ont également participé à des conférences dans différentes universités comme Harvard, l’University College London et l’American University de Beirut.